Mois d’Avril
18 – L’hospitalité italienne, partie 2. Quand tout s’assemble naturellement
Du 2 avril au 4 avril
Après une longue nuit de sommeil sous ma tente, je reprends tranquilement la route vers Trieste. J’avais ce jour là à parcourir à peine plus de 100 kilomètres, mais je me rends compte que cela me parait vraiment naturel maintenant. C’est donc sans complexe que je ne pars que vers 10h du matin. J’avais en tete de faire soixante kilomètres avant le déjeuner : et alors que je commençais à guetter un bon endroit pour m’arreter, je reconnais au loin des silhouettes qui ne trompent pas ! Sacoches sur le vélo, et remorque à l’arrière, je venais de retrouver les cyclo touristes français – Christine et Philippe – que j’avais rencontrés à Padova !! Nous avons donc partagé le repas ensemble, troqué un peu de sauce contre quelques herbes de provence, puis repris la route. Ils avaient prévu de passer la nuit en Slovénie, aussi nos routes se sont séparées après deux bonnes heures.
La pause midi ayant été plus longue, je savais que j’allais arriver en fin d’après midi à Trieste et je ne me sentais d’enchainer directement en jonglant. En effet, depuis Genes je n’ai rien fait pour remplir les caisses, et les quelques jours de mauvais temps à Parma, puis Venise, m’ont fait descendre à environ -100 euros. Je ne voulais donc pas commencer ici en payant 20e pour une auberge. Je guettais donc un endroit où faire du camping sauvage avant la ville elle-meme, et dans l’idée de plier bagages de bonne heure le lendemain et de jongler. Or je longeais la cote, et les occasions se faisaient rares. J’ai finalement opté pour un espace dégagé mais assez exposé en bordure de route, avec un banc en pierre. Il y avait meme un petit endroit dissimulé qui m’a permis de m’installer ma petite douche et me faire une toilette (la seule photo que j’en ai n’est pas très bonne… En revanche, j’ai bien filmé l’endroit et ce sera un beau moment pour le dvd !). Une petite demi heure plus tard, un homme passe à vélo avec son chien. Rencontre, curiosité, spontanéité. Après avoir partagé quelques expérience, il me dit qu’à 4km de là, il y a un parc en bordure de mer où l’été il y a souvent des personnes qui passent la nuit et font la fete. Que je ne serai pas dérangé et que ce sera beaucoup plus agréable pour moi. Je le remercie et reprends la route. J’arrive alors au parc en question, je suis ravi : la vue est superbe sur la mer, et l’endroit est effectivement beaucoup plus plaisant. Je me voyais tout à fait installer ma tente dans un coin un peu abrité, sans complexe. Puis je vois un groupe de jeunes faisant de la slackline (corde plate tendue entre deux arbres – par exemple – sur laquelle on marche en équilibre). Or chaque fois que j’en ai vu à Paris, des jongleurs n’étaient pas loin : je vais donc vers eux et j’engage la conversation. Je mets un peu de musique, on discute et je jongle un peu. Je leur demande si l’endroit ne craint pas trop, et puis leur donne mon numéro de téléphone « Si par hasard vous connaissez quelqu’un qui peut preter un bout de jardin ou héberger un mec un peu fou, n’hésitez pas ! ». J’étais presque parti qu’ils m’appellent : « on t’a trouvé un endroit pour ce soir : on peut t’héberger chez nous » me disent trois d’entre eux. Et nous voilà partis ! Douche chaude, on échange vidéos de folie sur internet (de slackline au dessus d’un précipice, ski hors piste incroyable, … ils ne sont pas en reste, et me font bien rever !). Et summum : ils m’offrent une grosse pizza pleine de légumes !
Et ce n’est pas fini ! Tout en appréciant l’instant présent, l’avenir s’annonçait sous d’excellents hospices : Giulia a pu contacter une très bonne amie à elle qui habite à Trieste, et celle-ci a accepté avec joie de m’héberger tout le weekend ! Ainsi, le lendemain j’ai pu aller jongler l’esprit totalement serein sans meme avoir à me préoccuper de réserver une chambre. Et un peu avant midi, un jeune cycliste – Luciano – m’aborde : voyant mon projet, il est très enthousiaste, et m’invite aussitot à déjeuner avec lui et ses amis. Ce que j’accepte de bon coeur évidemment ! Nous nous retrouvons alors à 8 autour de pizzas et il me propose meme de rester dormir chez lui ! C’est la première fois que je dois refuser l’hospitalité, ayant déjà une solution !! Je reprends la jongle l’après midi, et en 5 heures (en comptant le matin) je bats mon record avec 108e récoltés ! Voilà une sacrée journée qui se termine avec la rencontre de Laura, son colocataire Leonardo et son amie Lavinia autour d’un diner et d’une soirée reposante.
Le lendemain, je jongle à nouveau deux heures le matin, et sur le chemin du retour pour aller déjeuner, je rencontre dans la rue trois supers musiciens qui s’éclatent à jouer du jazz avec une contre-basse, un accordéon et une guitare. Je reste scotché, puis je ne peux m’empecher de sortir mon matériel et jongler sur leur musique. Je leur achète meme un cd avec mes sous récemment gagnés : ils m’invitent alors à une soirée pour les 50 ans d’un ami le soir meme. Je me repose l’après-midi et nous y allons avec Laura et Lavinia le soir : là, à nouveau, superbe òusique, tellement vivante ! Je jongle comme un fou dessus, avec le baton lumineux et celui en feu. Je suis accompagné par une jongleuse avec des bolas et des éventails de feu. La soirée se prolonge et plusieurs personnes essaient le baton fleur
19 – Préparation à la sortie de la zone euro, et modification majeure ! 5 avril
Le temps étant mauvais aujourd’hui, j’ai pu en profiter pour toutes les petites nécessités du voyage : faire des courses, laver le linge, aller à la poste chercher le colis enfin arrivé de Parme… ainsi que acheter la première carte postale de contrepartie, pour Margaux, et m’arreter au bureau de change ! Car normalement, dimanche 6 avril au soir, je serai en Croatie ! J’ai donc versé tout le fruit de mon art de rue à une caissière ravie d’avoir de la monnaie et ai reçu la monnaie croate. Que des billets ! C’est tellement plus léger !
Bon ! Et c’est quoi cette modification majeure ?! Héhé, suspence ! Oui, je vais toucher à mon itinéraire… En effet, tout le monde est au courant, ce n’est pas forcément le meilleur moment pour aller en Ukraine. D’autant plus que le festival de jonglerie pourrait lui-meme etre remis en question… Alors, j’ai pris ma décision : je vais éviter d’entrer en Ukraine (et donc en Moldavie) et traverserai la Roumanie en diagonale. Ainsi, ces deux pays seront remplacés par la Hongrie et la Slovénie, avec globablement un chemin en direction de Krakòw en Pologne. J’invite tous ceux qui sont un peu perdus à jeter un oeil à la carte pour se faire une idée de ce dont je parle ^^ Pour ceux qui suivent, oui, ça raccourci quand meme pas mal le trajet… Mais je ne suis pas un petit joueur ! Alors qui dit kilomètres en moins par-ci, dit pourquoi pas kilomètres en plus ailleurs ?! Ainsi, je suis mon instinct et je vais descendre un peu plus bas au Sud : après la Croatie, je vais longer la cote du Monténégro, passer en Albanie et aller jusqu’en Grèce ! Je ne ferai « que » le nord de la Grèce en me dirigeant alors directement vers l’Est vers Istanbul…
Voilà. C’est ça la surprise. Ca va ? Vous n’etes pas en reste d’aventure j’espère ?! Moi ça me fait rever tout ça, meme si au final je crois que je vais me prendre nettement plus de dénivelé ahaha !
20 – La Slovénie, la Croatie : l’air pur, le silence de la Nature et… leurs montagnes ! 6-7 avril
Je vous le dis tout de suite : de 15h le 6 avril – heure de mon départ de Trieste – à 15h le 7 avril – heure de mon passage du dernier col – ce fut les heures les plus difficiles de mon voyage (pour l’instant !!). Et pourtant, le temps était excellent !
Mais, reprenons depuis le début ˆˆ Pour ceux qui aiment jeter un oeil sur une carte, l’idée de mon trajet était d’aller de Trieste vers Rijeka, en Croatie. En regardant globablement sur google map, j’en avais pour 90km. Je ne pensais pas pouvoir tout faire le 6 avril dans l’aprem, mais je comptais ne pas etre trop loin du but pour dormir… Puis sur la route, je me retrouve avec le choix suivant : une autoroute interdite, une route « nationale » qui me fait faire un gros détour, et « oh ! » une jolie petite route qui serpente un peu, qui va exactement dans la bonne direction à vol d’oiseau et qui doit certainement mener quelque part ! Vous l’avez compris, le choix était fait ˆˆ
Et puis très vite, ça commence à piquer. La route grimpe, parfois très brutalement, les jambes chauffent, et je dois m’incliner deux ou trois fois en posant pied à terre et en poussant… Puis après un bon petit bout (entendez par là 1 heure de vélo, mais 6km parcourus !), la route devint chemin ! D’abord en descendant, donc ça allait, puis en montant. Je commence à croiser des randonneurs avec des batons de marche, et je m’enfonce toujours plus dans la foret montagneuse. Chemin qui commence à vraiment prendre des allures de randonnée ! Il y avait tout de meme une sorte de petit col à franchir, et en haut de celui-ci, j’étais heureux, c’était magnifique Puis il a fallu redescendre. Là, j’ai remercié le destin que ça se soit fait dans cet ordre : il aurait été absolumeeeeent impossible de le monter. J’ai tout descendu avec les deux freins serrés mais roues non bloquées, le regard rivé sur le chemin étroit, caillouteux, crevassé et très pentu, les mitaines enfilées en cas de chute, les pieds qui pendent prets à rattraper tout déséquilibre et une vitesse de… 2km/h ! Ca c’est de la descente !
Puis la frontière Croate est enfin franchie, juste un peu avant le coucher de soleil. Je plante ma tante un peu en retrait de la route, la vue sur la vallée en face de moi, le chant des oiseaux en fond musical et une foule de petits insectes pour me tenir compagnie au cas où je m’ennuierai !
Le lendemain, je commence par une petite révision du vélo – classique – avec notamment nettoyage de la chaine. Puis je reprends la route : je jette un oeil sur mon GPS, et je vois que je suis à 32km à vol d’oiseau de Rijeka. EASY ! Meme si je « traine » un peu comme la veille, je pourrais y etre pour le déjeuner ! Et puis… j’ai pris cher. D’abord parce que la route moyenne que je voulais prendre était en fait… une « autoroute ». Entendez par là une départementale (deux voies, des limitations à 60km,…), mais avec péage et interdite aux vélos. Arg. Je la longe, avec des hauts, des bas… toujours en direction d’une imposante chaine de montagnes… Puis je vois un panneau parlant d’un tunel ! Ah, me voilà rassuré, je vais pouvoir en éviter un peu ! Que dalle… Le tunel est dans la continuité de l’autoroute, et meme si je me suis approché pour voir si je pouvais filouter, il y avait péage, controle véhicule par véhicule et tout le cirque. Donc c’était mort. Je suis resté deux minutes sur place, « au cas où », mais aucun miracle en vue ˆˆ Je me suis donc attaqué aux montagnes sévèrement : mais là où c’était pédalable en Italie avec une pente de 7% je pense, là, ils n’ont pas hésité à coller des tronçons à 10% (panneau à l’appui) et surtout des 12% facilement dans des virages. Je ne sais pas exactement combien de kilomètres a duré l’ascension, mais j’en ai fait plusieurs bouts à pied en étant parfois obligé de faire des pauses tellement c’était difficile de seulement pousser le vélo !!
Et c’est finalement vers 15h que j’ai atteint le sommet : un col à 960m, m’offrant une vue ahurissante de toute la vallée d’un coté, puis de la cote et de Rijeka de l’autre. La photo juste que vous voyez n’a été prise que vers les deux tiers de l’ascension car arrivé en haut les arbres empechaient de faire une belle photo de la vallée – et vous m’excuserez de ne pas etre redescendu pour ça ! – mais je l’ai vue, et je l’ai un peu filmée ˆˆ Je dévale l’autre versant, et les 15km me séparant de Rijeka sont faits en quelques instants. Je sourire collé aux lèvres, j’arrive dans la ville : vraiment jolie, proposant beaucoup d’hotels peu chers, je choisis… le bateau ! 106Kn la nuit (soit environ 15 euros) ça en vaut la peine, et c’est une des auberges les moins chères. Je jongle quand meme deux heures dans la grosse rue piétonne qui traverse la ville, sympathise avec plusieurs passants et gagne environ 260Kn. J’ai bien mérité ma nuit de repos !
21 – En route vers Zadar, camping sauvage idéal… et surprise nocturne ! 8-10 avril
J’ai tellement entendu parler de la cote de Croatie… et bien maintenant, j’y suis !! Pendant tous ces prochains jours, je ne vais faire que ça : longer la cote, peut-etre faire un passage sur des iles et profiter de ce paysage qui mérite bien sa réputation ! Le premier jour a été idéal : un temps excellent, pas de vent et meme si la route est en permanence en train de monter ou descendre, c’est assez léger pour que ce ne soit plus du tout un problème. Après les montagnes vers Rijeka, une cote que je peux monter en restant sur mon vélo est une « bonne » cote ˆˆ
Et le soir, j’ai aperçu du coin de l’oeil un petit chemin qui descendait en contrebas de la route. Je m’y arrete, et découvre certainement un des meilleurs lieux de camping sauvage que j’aurai ! Un espace facilement accessible mais complètement isolé, avec assez d’herbe pour la tente et… un petit chemin qui continue et mène directement à une minuscule plage ! J’ai été y faire ma toilette – l’eau était vraiment très froide, et j’ai renoncé à me baigner complètement :p Mais j’y suis quand meme entré jusqu’au genoux pendant quelques minutes -, puis j’ai un peu lu avec à portée de main une barquette de fraises achetées le matin meme sur le marché et j’ai fini ma soirée en méditant face au coucher de soleil. Difficile de demander plus, hein ?!
Ce dont je n’était pas au courant, c’est que le beau temps n’allait pas durer ! Voici un bref détail des événements de la nuit…
Vers 2h du matin : Réveillé par une légère pluie qui commence à tomber. J’avais laissé les sacoches sur le vélo cette fois-ci, mais ce n’était pas un souci, elles peuvent tenir le coup.
4h20 : Réveillé à nouveau. Mais cette fois ce sont des trombes d’eau qui tombent ! Une grosse averse… qui dure ! En vitesse, j’enfile des vetements et je fais une sortie : je mets à l’abri mes sacoches, je ferme vraiment bien ma remorque et je retends les deux sardines du toit de ma tente. En effet, pour conserver l’étanchéité il faut absolument que le toit de la chambre et celui de la tente ne soient pas en contact. Autrement, l’eau peut s’infiltrer et c’est la cata ! Après tout ça, je constate qu’il y a un petit endroit où c’est un peu en contact, mais c’est minime et après avoir un peu mangé (essentiellement pour faire passer le temps pour que j’observe bien le comportement de la tente), je me rendors.
5h30 : La tente est secouée dans tous les sens ! L’arceau central vibre, les deux toits subissent des claques et entrent totalement en contact régulièrement, bref, le vent s’est levé. Et pas qu’un peu : ce sont de grosses bourrasques de vent ! Je refais une sortie en urgence ! Cette fois, y a plus à discuter : je mets toutes les sardines supplémentaires pour le montage en cas de tempete. Le tout toujours sous une pluie très forte. Je vérifie à nouveau ma remorque, et puis je retourne sous la tente. Le soleil commence à se lever, et moi j’essaie de me rendormir…
Vers 10h, la pluie cesse, et vers 11h je range mes affaires pour reprendre la route… après avoir cherché le linge que j’avais tenté de faire sécher…
Mais le vent, lui, n’a cessé que le lendemain. Et pendant toute la journée j’ai subi un vent qui m’a parfois stoppé net, au point que je devais alors rester quelques secondes à l’arret pied à terre avec juste comme but de rester sur place en tenant le vélo. Je rappelle que j’étais sur une route qui longeait la cote et que j’avais souvent une falaise juste à ma droite. Aussi, je roulais assez lentement et j’étais particulièrement prudent pour ne jamais me faire surprendre. Sans avoir jamais été en danger, j’ai quand meme eu quelques coups d’adrénaline…
Et au milieu de tout ça, ce fut la « journée des cyclo touristes » ! J’ai d’abord croisé deux belges qui viennent d’Istanbul – accompagné pendant dix jours par deux amis -, puis un premier anglais qui allait vers l’autriche, puis un second qui rentrait en Angleterre après avoir volontairement tournicoté un peu partout entre la macédoine, la bosnie et le monténégro pour faire un maximum de dénivelé (si si, c’est véridique… et il reconnait que, oui, c’est assez particulier :p). Il m’a dit qu’il pense avoir fait ces dernières semaines environ 80km de dénivelé. Mouahaha xD Oh, et il revient d’Afrique. Enfin, ces memes voyageurs m’ont dit qu’ils avaient rencontré ce meme jour un troisième anglais (qui va vers la Grèce, donc je le croiserai probablement), ainsi qu’un dernier qui a un vélo de course et fonce vers Istanbul !
J’ai tout de meme réussi à faire 70km dans l’après midi, malgré le vent, et me suis arreté dans un espace en bord de route mais protégé. C’était certes facilement visible, mais la route est très peu fréquentée. Et le vent ne me fiche pas la paix ! La nuit, il a prit une allure assez particulière : inexistant la plupart du temps, il pouvait tout à coup souffler extremement fort ! Je veux dire… bien plus fort que tout ce que j’ai eu avant. J’ai donc du, en plus de toutes les sardines évidemment, mettre ma remorque collée à la tente pour casser le vent et me coller un peu à la falaise qui était là. Malgré ça, j’ai plusieurs fois été réveillé en sursaut avec la tente littéralement écrasée, l’arceau central étant flexible… et avec pour seul réflexe de me cramponner au toit pour essayer de lui éviter d’etre secoué trop violemment. Bon, le lendemain, j’avais à faire 105km pour arriver à Zadar : là, au moins, je savais que je dormirai au chaud et au calme !
22 – Zadar, et l’ile d’Iz ! 11-13 avril
Arrivé à Zadar en fin d’après midi, j’ai le temps de jongler deux heures pour me payer une auberge et faire mes courses. Comme ça marche assez bien, je décide également que j’y resterai un jour de plus. Le soir, je me dirige vers la « Youth hostel » de Zadar : celle-ci n’est pas la moins chère, mais elle a l’avantage d’avoir toutes les chambres communes les moins chères au rez de chaussé. Et en y allant, j’ai eu la surprise d’y trouver beaucoup de monde ! En effet, un plus de tout un groupe… hmm, croate je crois, il y avait une classe de terminale français qui sont venu en voyage scolaire pour étudier l’impact du tourisme sur le développement de la Croatie (et il y a de quoi en écrire, des pages ˆˆ) dans le cadre de leur bac pro.
Nous avons pas mal discuté puis sympathisé : c’était vraiment très amusant d’etre ici et de répondre à toutes leurs questions sur mon projet. En soirée, ils sont revenus me voir et comme ils repartaient le lendemain, ils m’ont fait don du reste de monnaie croate qu’ils avaient, ainsi qu’une pomme et une dizaine d’oranges qu’ils n’avaient pas mangé ! A ceux d’entre eux qui liront ces lignes, encore merci !
Le lendemain a été une très bonne journée ! J’ai jonglé une bonne partie du temps, mais aussi en faisant des pauses en me baladant en ville. Et puis j’ai fait des rencontres… La première a été une femme qui m’a abordé pour me proposé un hébergement. J’ai d’abord cru à l’hospitalité, mais quand meme pas ahaha En fait, elle me proposait de louer un appartement. En plein centre de la vieille ville, au rez de chaussé, c’est idéal. Sauf qu’un appartement, c’est 200 kuna, soit presque le double d’une chambre partagée d’auberge. J’essaie de négocier et elle me propose finalement 150. C’était encore trop… Et puis elle me dit le nom de son hotel : et là je tilte ! L’anglais qui aime grimper dans les montagnes m’en avait parlé ! Je lui dis qu’effectivement j’ai entendu parlé de leur hotel et là, miracle « Ah ! C’est bon. Ok, alors je te le fais pour 100kune la nuit, et tu en parleras aussi ! » Marché conclu xD
Ensuite, pour ma pause déjeuner, je m’assoie en face d’un guitariste qui jouait un peu plus loin sur la meme rue que moi. J’aimais beaucoup sa musique, j’en profite en mangeant, et je vais le voir. Je lui dis que je ne peux pas trop donner d’argent, mais que je peux jongler sur sa musique, et que si ça donne plus d’argent, c’est tout pour lui. Il accepte mais pour une chanson car il doit partir. Finalement, on s’est éclaté à deux, il a gagné… beaucoup plus d’argent ahahah, et on a fait trois chansons ˆˆ C’était vraiment très cool
Je me suis remis à jongler, et un peu plus tard un homme est venu discuter : Domi. Il vient d’une des iles – dont j’ai oublié le nom – mais vit a Zaghreb et est là pour participer à un séminaire sur l’évolution de la vie dans les iles croates. Comme il avait une heure à attendre son bateau, il est simplement venu vers en se disant « tiens, un français ici, allons écouter son histoire ». Et je crois qu’il n’a pas été déçu ˆˆ Un peu après il me dit que le séminaire dure quelques jours, et que si le lendemain je veux prendre le bateau, venir là bas faire un petit spectacle, et bien je serai hébergé et nourri avec plaisir. J’étais évidemment ravi !! J’ai donc été sur l’ile d’Iz pendant environ 24h, à déguster des plats typiques, apprendre à tresser des rameaux d’olivier, dormir sous une yourte, découvrir les outils traditionnels et suivre un atelier sur les plantes sauvages qui poussent là et qui sont comestibles ! Un planning aussi merveilleux qu’inattendu !!
Et avant le déjeuner, nous sommes également montés au point le plus haut de l’ile pour avoir une superbe vue sur tous les environs. J’ai été merveilleusement accueilli, et un des organisateurs a tenu à me faire goutter son meilleur vin – qui était par ailleurs excellent, vraiment ! – et beaucoup d’autres attentions « Where is the french guy ? Ah ! Look, this is for you ! ».
Je voudrais raconter deux autres petites anecdotes : le jour où j’ai rencontré Domi, j’avais prévu de sortir le soir pour faire un peu de jonglerie de feu. J’avais proposé à deux musiciens de se joindre à moi, mais on a du se rater au rendez vous le soir. J’ai donc été me balader, et là j’ai entendu dans un coin isolé un groupe de jeunes qui s’entrainaient… à chanter du grec ancien ! Avec petit tambour et cornemuse faite comme à l’époque en peau d’animal !! Et oui, j’ai donc jonglé avec du feu sur un chant en ancien grec ahahah ! Ce sera sur le DVD, j’ai filmé ce moment !
La seconde est qu’alors que je jonglais, un homme lugure est venu vers moi. Je comprenais pas ce qu’il me disait, et finalement deux jeunes filles m’ont traduit : il serait interdit de jongler dans la rue. Et il me montre à l’appui une vieille carte frippée avec un blason croate… Bon, je venais de jongler une heure et j’ai fait une pause. Il est alors rentré, puis ressorti du batiment contre lequel j’étais : batiment officiel, qui pourrait etre une sous préfecture, ou quelque chose du genre… 10 minutes plus tard, je décide de reprendre la jongle. Je savais – pour l’avoir demandé – qu’il y a très souvent des artistes qui jouent là, et je me disais que si la police vient effectivement, il sera toujours temps de plier bagage. N’empeche que j’étais un peu sur le qui-vive… Et puis une femme arrive, arme à la ceinture et… regarde et… me donne de l’argent ! Elle vient discuter, puis traduit meme les détails de mon voyage à groupe de jeunes croates qui était là, très motivés. Finalement on se quitte, sans oublier la photo souvenir avec elle. Bref, parfait ! Mais il y a eu mieux encore ! Peut etre avec la musique, un gardien est sorti en restant sur le pas de la porte du batiment officiel : il m’a regardé et m’a applaudi ! Il m’a également demandé des détails, m’a fécilité et encouragé ! Il m’a également complimenté sur la jongle et est resté une bonne dizaine de minutes à regarder avant de reprendre son poste. Bon, je crois que je n’ai pas besoin d’en dire plus !
23 – Un anniversaire en Nature, et découverte de Split ! 14-16 avril
A la première minute de mon anniversaire, j’étais encore à Zadar et j’ai eu le traditionnel chant par mes parents grace à Skype. Dans l’auberge, quelques personnes étaient au courant et me l’ont souhaité également, mais je ne suis pas du genre à me torcher pour autant… Le lendemain, j’avais prévu de prendre la route vers Split !
J’ai donc passé un « Jour J » exactement à l’image de mon voyage : les magnifiques paysages de la cote Croate, un temps agréable avec tout de meme le vent qui a voulu faire acte de présence, et un camping sauvage pour finir après 120km de route. A noter que j’ai quand meme eu un petit cadeau du destin : alors que je demandais simplement de l’eau à une femme dans son jardin, celle-ci m’a immédiatement invité à prendre un thé, elle m’a offert un délicieux artichaud et petits pois marinés, et nous avons passé un bon moment à discuter. Elle m’a également donné le contact d’une amie qui aurait pu m’héberger à Split, mais ce n’était finalement pas possible. Bref, gratitude !
Je mets ma tente à une vingtaine de mètres de la rue, dissimulée. La nuit, je suis réveillé vers 3h du matin par un gros orage, une pluie démentielle et des éclairs presque toutes les 10 secondes ! Je me précipite dehors pour m’assurer que la remorque soit vraiment bien fermée car je l’avais réouverte, et encore une fois je ne m’y attendais pas (la météo montre ce qui arrive le jour… mais pas toujours la nuit >_< ).
Mais ce n'est pas tout. Mon anniversaire ne pouvait pas etre juste un "jour normal" de mon voyage ! Et j'ai en tete quelque chose de très particulier en tete... Mais, c'est une surprise ! Je ne pouvais pas le faire le jour meme, alors c'est à peine reporté. Vous saurez ça dans quelque jours. Et je crois que vous allez aimer ! Ahahahaha C'est une idée de folie !
Et au réveil, je me retrouve… en plein milieu d’un chantier ! Il se trouve que la route devait etre en travaux à partir du lendemain ! Donc assez surpris d’entendre des voix, des bruits de tracteurs, de camions… et me retrouver en plein milieu d’une circulation alternée quand j’ai voulu repartir.
La route vers Split a ensuite été agréable, si ce n’est qu’il y avait un fort vent latéral qui m’a donné quelques frayeurs avec le passage de camions qui coupent le vent tout en secouant pas mal. Et puis, j’arrive à la « Split Hostel & Guesthouse », probablement l’auberge de jeunesse la plus cool de la ville, voire plus ! C’est clairement ma meilleure expérience, hmm, peut-etre à égalité avec celle de Gènes. Un accueil super chaleureux, thé, café, bières gratuits, le diner offert pour mon anniversaire par Josko le gérant qui a cuisiné pour nous, et toujours pret à donner plein de très bons conseils sur la ville. Ce mec est génial !
Entre autres, où est le meilleur endroit pour jongler dans la rue, indiquer un fast food végétarien (que je n’ai finalement pas essayé, d’ailleurs), tous conseils pour faire les courses pour pas cher… Et tout ça s’est révélé très pratique ! J’ai pu complètement renflouer mes caisses et faire le plein de provisions avant d’aller jeter un oeil en Bosnie, puis me diriger vers Dubrovnik.
Il m’a par ailleurs indiqué un beau point de vue sur la ville, mais pour lequel il faut un peu monter. Pas de souci, j’y vais !
En arrivant, j’apprécie la vue et… me rend compte qu’il y a moyen de monter beaucoup plus haut ! En effet, entre le centre ville de Split et la mer, il y a un immense parc sur une haute colline, et la vue depuis le sommet est quant à elle merveilleuse ! Il ne me l’avait pas recommandé parce que ça aurait pu un peu piquer à vélo, mais c’est assez bien passé ! Et puis, c’est que je commence à etre pas trop mal entrainé ! Avec ce que j’ai gagné en argent, je m’offre quelques patisseries : clairement, après l’Italie, s’arreter à la boulangerie reprend tout son sens en Croatie ! Le pain est bon, les patisseries très fines… Meme leur fromage et leur vin est très bon !
24 – Détour par la Bosnie : en route vers Medjugorje ! 17-18 avril
Tout le long de la cote croate, j’étais sur une route qui s’insinuait entre la mer Adriatique et une chaine de montagne. Tout en n’étant jamais plate, les cotes n’étaient jamais très coriaces et les plus longues se montaient en une petite heure d’efforts. Mais là, pour aller en Bosnie, c’est cette meme chaine qu’il faut que je traverse de plein fouet. Il y a peu de routes qui le permettent, car le relief est tout à fait impraticable la majorité du temps, mais j’ai bien trouvé un moyen de faire ce petit détour en Bosnie. L’idée : précisément voir ce qu’il y a derrière ces monts mystérieux qui m’ont tant accompagné, faire un petit bout de chemin dans ce pays également inconnu et me rendre à Medjugorge.
A l’occasion de ma pause déjeuner, j’en ai profité pour faire la photo croate de mon gage de la « tradition française » !
Et puis je me suis sérieusement attaqué au col. Mais bon, il est finalement passé assez facilement si ce n’est… le vent. Et oui, encore et toujours… Les 200 derniers mètres, j’avais un très fort vent quasiment en continu et comme je me suis dit que les mots me suffiront pas à bien vous permettre de l’imaginer… je me suis filmé ! Ainsi, dans le DVD, vous pourrez me voir pendant les 50 derniers mètres, la veste complètement plaquée au corps, luttant pour conserver ma position meme à l’arret, puis pédaler quelques instants et… découvrir le paysage qui s’est offert à moi ! Encore des monts et vallées, évidemment ! Mais mon objectif de passer de l’autre coté avant la nuit était atteint (j’ai quitté Split que vers 13h de l’après midi).
J’ai alors pu me mettre à la recherche d’un endroit sympathique pour mon camping sauvage. J’y ai d’ailleurs fait mon premier feu (j’ai un réchaud sinon), mais il faisait définitivement trop de fumée et j’ai donc du y renoncer car je ne voulais pas attirer l’attention.
Le lendemain a été nettement plus difficile. Je savais qu’il faudrait que je fasse un peu plus de 100km, et je pensais pouvoir arriver donc en fin d’après midi. Mais toute la matinée, je n’ai cessé de monter, avec un peu de pluie et du vent en prime, et une fatigue que la nuit n’a pas suffit à combler s’est faite sentir… A la pause déjeuner, je me faisais déjà à l’idée que je n’y serai peut etre qu’au lendemain matin. Mais cela ne m’arrangeait pas trop : je ne voulais pas rester très longtemps en Bosnie car je n’ai simplement pas prit la peine de changer d’argent, et que donc mes provisions sont limitées et peu facilement renouvelables.
Mais cela n’était que très légères préoccupations, et elles furent vaines lorsque j’aperçu le col que je devais traverser et dont je m’approchais depuis le matin. Car une fois de l’autre coté, je découvris une immense vallée et je savais que la route était pile au milieu… J’avais alors une route rectiligne, en plutot bon état, qui descendait continuellement sur des kilomètres et un bon vent de dos : sans en avoir l’intention, j’ai explosé mon record de vitesse… (que je garde secret pour ne pas troubler les ames sensibles). Et finalement, je suis arrivé vers 17h à Medjugorje !
Medjugorje est récent et grand lieu de pélerinage depuis l’apparition de la Vierge Marie à plusieurs reprises depuis 1981. Alors qu’il n’y avait pas plus de 1500 habitants il y a 20 ans, la ville accueille désormais plus de 2,2 millions de pélerins par an et les célébrations y sont faites dans plusieurs langues chaque jour. Le lieu est particulièrement connu pour certains « phénomènes » : celui dont j’ai le plus entendu parler est que pendant les célébrations, il est fréquent que des personnes s’évanouissent « parce l’esprit s’envole vers l’Esprit » et se relèvent quelques instants plus tard…
Mais bien mieux que ce descriptif sommaire qui rappelle Wikipedia (et dont certaines infos sont tirées), revenons à mon aventure !
Vers 17h, j’entre en ville. Je n’ai alors pas d’argent, pas de contact et ne sait rien de la ville. Avec les panneaux, je commence donc par m’orienter vers le lieu d’apparition : ça a tout d’un bon point de départ, non ?
Mais pour l’atteindre, il faut gravir une pente escarpée de roches… Qu’à cela ne tienne, je pose mon vélo sur une barrière et m’apprete à me joindre aux pélerins. Mais l’homme tenant un café juste à coté de l’entrée me voit, se précipite vers moi et m’invite à m’assoir en m’offrant un thé. Ljublin de son nom parle très peu anglais, mais un de ses collègues fait la traduction. La suite est une discussion entre coupée de rire et d’exclamations de leur part, et de gratitude de la mienne : car avec le thé, j’eus des biscuits, des chips gratuites, puis quand ils ont su que je suis jongleur, Ljublin s’est précipité pour prendre trois oranges et me demander de jongler avec. Démonstration à l’appui, j’explique je ne fais que du baton du diable… et générosité à l’appui il rétorque en m’offrant quand meme les oranges pour que je les mange !
Puis je commence à leur demander s’ils connaissent un endroit où je pourrais planter ma tente tranquillement. Après concertation, Ljublin m’amène juste à coté dans un batiment où habitent les Soeurs de la Communauté des Béatitudes. Communauté internationale mais dont la langue commune est… le français ! Je suis arrivé juste au moment de la Liturgie donc peu étaient présentes, mais d’une part j’ai été invité à partager le déjeuner avec elles le lendemain, et d’autre part elles m’ont offert l’hospitalité en me proposant de dormir dans un chalet où elles hébergent déjà Ljublin.
N’est-ce pas merveilleux ?! Mais attendez un peu… ce n’est que le début !
Car le lendemain, réveillé de bonne heure, Ljblin me conduit à Radio Medjugorje où j’y ai été interviewé. Le présentateur a également prit une photo de mon vélo et je devrais etre dans la revue hebdomadaire, avec les détails de mon voyage. Après ça, il m’a montré la maison de français et comme ceux-ci étaient absents, il m’a dit de repasser dans la journée et que je pourrais certainement – au moins – planter ma tente dans leur jardin. Je me suis ensuite – enfin! – rendu sur le site de l’apparition de la Vierge, puis me suis présenté à midi à l’entrée du couvent des Soeurs. J’ai été très heureux et honoré de partager leur repas, l’ambiance y est excellente dans la joie et je les ai ravies avec un petit spectacle après le déjeuner. Et puisque j’ai dans l’idée de revenir avec ma mère, j’ai gardé le contact et je saurai à qui m’adresser en cas de besoin ! D’autant qu’elles m’ont parlé d’un festival la première semaine d’aout qui rassemble près de 50000 personnes, et où de la jonglerie pourrait tout à fait avoir sa place ! (une des Soeurs s’étant d’ailleurs mise aux bolas l’année précédente !).
Enfin, avant de nous quitter, elles me comblent avec un chapelet béni et un sac pleeeeein de chocolats et de biscuits qui complètent à merveille les fruits et le pain offerts le matin meme, à nouveau, par Ljublin. Quelle générosité !! Je vais quitter Medjugorje avec plus de provisions que lorsque j’ai repris la route à Split !
25 – Quand le mauvais chemin devient la bonne Voie ! Medjugorje 18-21 avril
Ljublin m’avait accompagné dans la matinée devant la maison d’une famille française, et étant absents, il m’avait dit d’y retourner pour leur demander si je pouvais planter ma tente dans leur jardin. Alors en quittant les Soeurs, je me suis dit que je pourrais tranquillement retenter ma chance, et me suis dirigé vers chez eux. Mais je me suis trompé de chemin. Je m’en suis rendu compte après quelques minutes, mais j’ai voulu voir ce qu’il y avait au bout de ce chemin… et je ne fis jamais demi-tour !
Car au bout du chemin, j’ai trouvé un chateau. Un vrai, récent – certes – mais tout d’un chateau d’autrefois : une cour, un donjon, une enceinte, des tours, … Mais c’est quoi ce truc ???
En approchant, j’entends des rires d’enfants, je me dis que je vais faire mon touriste curieux et je commence à entrer doucement…
Je croise un homme qui passe en me souhaitant un « welcome ! » chaleureux, alors je lui demande ce qu’est ce lieu… Il me répond un peu évasivement « Oh, un endroit où des personnes viennent méditer, se mettre au service de Dieu, mais… hmm, posez donc votre vélo, buvez un verre de quelque chose, et vous verrez bien… ». Au moins aussi intriguant qu’intéressant, n’est-ce pas ??
Alors j’entre dans la cour, toujours émerveillé par tout ce qui m’entoure… Et là, on m’accueille comme on a du mal à le croire ! « Welcome !! Venez, entrez ! Que faites-vous, c’est génial ! Allons, prenez un thé, vous avez déjeuné ? Il vous reste bien un peu de place pour un peu de soupe, ou de dessert ?! » « Oh, et il est jongleur ! Mais c’est merveilleux !! » « Où dormez-vous ce soir ? Oh, alors restez ici ! »
Incroyable : en quelques instants, j’avais de quoi manger, boire et dormir ! Et le tout au milieu de grands sourires, et en étant présenté à un peu tout le monde… Bref, quand un jeune canadien – Josh – me conduit à l’endroit où je peux mettre mon vélo, me donner les clefs et me montre ma chambre qui est aussi la sienne, je lui demande « Mais c’est quoi, cet endroit ?? Comment ça marche ? »
Alors il m’expliqua : il y a trente ans, Nancy et Patrick – les propriétaires – ont eu une vision. Dieu leur a demandé de venir ici, et construire un endroit afin d’accueillir toutes les personnes qui en auraient besoin, aider, accompagner chacun sans crainte, le voyageur comme celui en quete de spiritualité… et de Dieu. Alors ils ont tout vendu, alors qu’ils avaient du succès en tout, et sont venus ici, en pleine guerre. Et années après années, ils ont construit ce lieu merveilleux !
« Mais, comment ça fonctionne ? Je veux dire… ils m’ont offert l’hospitalité si rapidement, si simplement ! » « Ah, oui, c’est comme ça ici. Il y a deux ans, j’ai trouvé cet endroit par hasard, car je voyage beaucoup en auto-stop. Je voulais aller à Dubrovnik, et j’ai dormi une nuit ici. J’avais prévu de repartir le lendemain… et puis en fait, une nuit de plus… puis une autre… et je suis finalement resté deux mois ! »
Il est maintenant là pour la 4eme fois, et compte rester quelques temps en se mettant au service de la communauté. Quant à savoir comment c’est financé, et bien c’est simple : il n’est jamais question d’argent. Ils n’acceptent que les dons, et tout leur vient à temps par la providence ! Et pour l’avoir vu de mes propres yeux, c’est fou ! Un autre jeune homme avec qui j’ai discuté m’a dit « la première fois que je suis venu ici, ils se sont rendus compte qu’il n’y avait plus de sucre. Alors Nancy a dit ‘Venez tous, et prions. Prions pour avoir ce sucre qui nous permettra de redonner de l’énergie au voyageur, d’agrémenter le thé de nos invités et leur faire honneur et plaisir’. » Ils prièrent, et à la fin… quelqu’un vint sonner : « Tenez, j’ai pensé que vous manqueriez peut-etre de sucre… » avec quelques kilos dans les bras.
Le soir, une grande fete était prévue pour la veillée Pascale et feter Paques : car c’est la résurrection du Christ ! Alors ils préparaient tout depuis quelques jours, et il y avait ce soir là facilement au moins 60 couverts ! C’était également l’anniversaire de Patrick, et je leur ai bien entendu fait un spectacle avec mon baton du diable lumineux car il pleuvait dehors. C’était génial !
Et comme mon camarade de chambre, j’avais prévu de repartir le lendemain mais… je n’en ai rien fait. Sur toute la région, il a plu fortement pendant trois jours… Alors je suis resté, et avec grand plaisir ! Chaque fois, ils blaguaient et m’invitaient à rester « Toi non plus tu n’iras pas à Dubrovnik ahahah ! »
Je n’ai pas autant mangé depuis au moins Noel… mais pendant trois jours ! J’ai fait complètement le plein d’énergie et mon corps a pu refaire des réserves de tout ce dont il avait besoin ! Mon esprit, aussi… Car cet endroit, cette atmosphère, ces personnes, m’ont beaucoup touché. J’ai découvert des personnes qui sont allées bien plus loin que tout ce que j’avais vu jusque là, et qui y mettent toute leur ame. C’était définitivement une étape essentielle de mon voyage !
Alors je les remercie tous du fond du coeur pour m’avoir fait vivre une hospitalité sans borne, une bonté pure et une dévotion vécue dans la Joie et l’Amour. Nancy pour sa capacité à montrer à quel point elle nous aime tous par un simple geste, un simple mot. Patrick pour ses bras grands ouverts toujours pret à accueillir. Josh pour sa gentillesse, toujours pret à répondre à mes questions et partager un moment chaleureux. Merci aux autres jeunes qui aidaient au service et à qui je me suis melé, avec un coup de main et de beaux rires. Merci aux enfants qui sont devenus accros au baton du diable après une leçon pratique que j’ai faite le second jour et qui ont meme fait un mini spectacle à la fin. Les conversations avec les uns et les autres, les dons des inconnus, et comme je l’ai si souvent entendu là bas « Thank you Jesus ! ».
26 – Dubrovnik, puis le Monténégro : la barre des 2000 kilomètres est franchie ! 22-25 avril
Puis, j’ai pu partir : le 22 avril, la pluie a enfin cessé, et j’ai vite profité de l’occasion pour partir (car quelques jours après, ça allait reprendre, et je boullionnais de plus en plus à l’idée de reprendre la route). Et comme j’ai pris un peu de retard dans mon planning, j’ai repris les choses en main : d’abord je suis allé à Dubrovnik en une journée avec un peu plus de 130km, je n’y suis resté qu’une journée, et le jour suivant je suis directement allé jusqu’au Kotor, au Monténégro.
Dubrovnik, dont la vieille ville est cerclée de remparts impressionnants, m’en a mis plein la vue. C’était vraiment très beau, et j’ai eu beaucoup de plaisir à y jongler. Et puis ma journée complète passée là a aussi été riche en rencontres !
Tout a commencé avec Jean-Claude, qui sera ravi de voir que j’ai mis sa photo ici ahahah, un suisse qui est parti de Lausanne et va… en Inde ! On ne voit là que son vélo car tout son équipement est au chaud à l’auberge ˆˆ Il m’a donc abordé en me disant : « hey ! je viens de discuter pendant deux heures avec un autre cyclo français, qui vient tout juste de partir ! ». Je vois effectivement un vélo qui s’éloigne, et je fonce pour aller le rejoindre. Je le rattrape, et quand on s’arrete, je suis complètement bluffé quand il me dit « Ah ! Mais tu es le jongleur ! » « Hein?? » Première grosse surprise, puis il m’explique qu’il cherchait des informations quand il était à Trieste pour la route à suivre, et qu’il est tombé sur mon blog qu’il a lu ! J’étais encore en train d’en rire que Jean-Claude arrive, entend la fin et me dit « C’est toi le jongleur ?? J’ai entendu parler de toi aussi ! » J’avais du mal à y croire ˆˆ En fait, sur sa route, il a rencontré Michel (rappel : le cyclo français rencontré à Padoue en Italie, qui accompagnait le couple breton que j’ai vu plusieurs fois) et celui-ci lui a dit qu’il y avait effectivement un mec qui jonglait tout en voyageant ! Et bah, c’est que je commence à etre connu ahahah !
Puis je suis retourné jongler – précisément – et Jean-Claude est resté avec moi : il avait quand meme envie de voir de quoi il retournait ! Et un peu plus tard dans l’après midi, un couple français – Angel et Lionel – vient à nous. Sacrément chevronnés, cela fait trois ans qu’ils voyagent, en ayant été à tellement d’endroits dans le monde que je n’en fais pas la liste, en tandem semi-couché. C’est pas n’importe quoi hein ! Et là – début juin si je me souviens bien – ils vont bientot s’arreter en ayant dépassé la barre des 60 000 kilomètres!! Bref on discute et comme je n’ai pas encore d’auberge pour le soir, ils me disent qu’ils ont payé pour une chambre dans laquelle ils ont trois lits, et que comme c’est une annexe loin de la réception, il n’y a aucun souci pour que je vienne y dormir ! Génial et merci beaucoup !! Nous avons alors passé toute la soirée à échanger nos expériences, discuter de toutes ces petites (ou grandes) choses qui font la vie du cyclotouriste…
Le lendemain, j’ai repris la route avec pour objectif le Kotor ! Petite ville très ancienne, collée à la mer et complètement dominée par des falaises abruptes, c’est vraiment très beau. Il y a un monastère, touuuuuuuut en haut, mais je ne vais pas y aller, pas cette fois… J’ai autre chose en tete, que vous découvrirez dans mon prochain article ˆˆ
Dans la foulée, allez voir le blog d’Angel et Lionel ! http://frogtandem.centerblog.net/ Je n’ai malheureusement pas pris de photo avec eux…
27 – LA surprise : mon propre cadeau d’anniversaire !! 25-26 avril
Depuis le temps que j’en parle… Vous n’allez pas etre déçus de l’idée ! Mais attendons encore un peu… Je vais vous dire comment je l’ai préparée, puis vous comprendrez héhé !
La veille, j’ai profité de la cuisine de l’auberge pour cuisiner et remplir tout mon tupperware de lentilles et pois, riches en fer. Puis j’ai vérifié la météo pour trois jours au Monténégro et en Albanie. Et enfin je me suis couché assez tot…
Le lendemain, le 25, j’ai quitté l’auberge en milieu de matinée. Je ne l’avais pas prévu, mais j’ai finalement jonglé une bonne demi heure à l’entrée de la ville car il y avait beaucoup de touristes ˆˆ J’ai donc repris la route avec 20 euros qui ont largement payé les …7,80€ de la nuit ! Et je suis directement monté, puisque le Kotor est dans une cuvette comme vous pouvez le voir sur la photo. Ce jour là, j’ai seulement pédalé une cinquantaine de kilomètres toujours dans l’optique de me reposer et suis arrivé à Budva vers 14 heures. J’y ai alors fait beaucoup de courses « extra » : c’est à dire que j’avais en tete « Pour la journée de demain, tu peux acheter tout ce qui te fera plaisir, tout ce qui t’apportera beaucoup de sucre ou qui sera un bon plat salé. » Alors je me suis fait plaisir Et à 16 heures, j’ai finalement trouvé un endroit pour faire un petit camping sauvage. Un peu osé, l’endroit, mais c’est l’audace qui fait les meilleures histoires ˆˆ Puis j’ai mangé et à 16h30, je me suis… couché ! Ca n’a pas été facile car il faisait très chaud, mais j’ai dormi… Ahahah, il y en a qui ont une idée ?? Aller, je continue encore un peu : 7 heures plus tard, donc à 23h30, mon réveil sonne. Je me lève et range tout dans le noir, avec ma lampe frontale. La ville dort, quelques chiens un peu nerveux aboient, je me mets en tenue et j’y ajoute mon gilet réfléchissant jaune. Je garde ma frontale, et j’allume en mode clignotant les lumières avant et arrière de mon vélo…
Allez, libérez un peu la folie de votre esprit et vous comprendrez ! Car pour mon anniversaire, j’ai voulu m’offrir une journée de 24 heures de vélo ! De minuit à minuit, avec seulement les petites pauses de la route pour manger, photographier… Et remonter sur le vélo. 24 heures, soit presque trois fois les plus longues journées faites jusque là. Une épreuve d’endurance à court terme dans cette épreuve d’endurance qu’est mon tour d’Europe. Car là, plus que jamais, il s’agit de faire des choix pour etre capable de tenir longtemps. D’autant plus qu’ayant prévu de m’arreter à minuit, je savais que je ferai du camping sauvage à nouveau car tout serait fermé…
Alors c’est parti ! Je m’élance de nuit, la route est très peu fréquentée et je ressemble tellement à un OTNIVB (objet terrestre non identifié vraiment bizarre) que tous les véhicules ont mis au moins deux mètres de distance en me doublant. Probablement plus pour ne pas prendre de risque pour eux-meme xD Puis je sors de la ville. Le noir, complet, m’environne. Ma lampe frontale est suffisante pour éclairer la route juste devant moi, mais ça reste extremement réduit alors je controle beaucoup ma vitesse dans les descentes. D’autant que dès que je le peux, je garde une jambe tendue et me repose dessus pour soulager mon cher fessier. Car c’est effectivement un des points les plus critiques à faire 24 heures : meme avec mon entrainement, je sais qu’il commencera à etre très sensible après 7 ou 8 heures… A 2h30, sur la photo que vous voyez, je me fais mon premier repas salé avec un borek aux épinars et quelques bricoles dans la ville de Bar. J’ai aussi demandé où je pourrais avoir de l’eau à des policiers qui faisaient un controle de sortie de boite de nuit – je présume – et après avoir halluciné quelques secondes, ils m’ont tendu une grosse bouteille de coca de 2L d’eau. C’était parfait !
Un des moments les plus difficiles de la journée a été vers 4 heures du matin. Il faisait alors très froid et j’avais mis la totale : j’ai enfilé mes deux cyclistes l’un sur l’autre (double protection pour la selle et bien plus chaud), gants en cuir, sous pull en laine merino, veste mavic évidemment… Mais l’inconvénient, c’est que meme s’il faisait froid, dès que je me faisais une montée je produisais beaucoup de chaleur, je transpirais malgré l’ouverture de ma veste et après déjà quatre heures de vélo j’étais déjà bien humide. J’ai rarement autant attendu le lever du soleil, et quand vers 5 heures le ciel a commencé à s’éclaircir, j’étais complètement en joie !
Une des difficultés que j’envisageais aussi était le passage de la frontière albanienne… Car un mec, à vélo, à 6 heures du matin avec plein de sacs et qui essaie de passer la frontière hmmm, je reconnais que ça peut paraitre assez louche ! Coup de bol ou pas, le poste frontière proche de la cote qui semblait exister sur mon GPS ne l’était en fait pas… et j’ai donc du faire un détour supplémentaire qui m’a fait « perdre » (la route était sublime, et c’était finalement un des meilleurs moments de la journée !) deux bonnes heures. J’ai finalement passé la frontière sans aucun souci vers 8h30, juste après avoir franchi la barre des 100 kilomètres déjà !
Le paysage était très beau dans le Monténégro, et en Albanie il change pas mal : ça devient beaucoup plus une grande plaine et la pauvreté apparait nettement plus au travers des déchets un peu partout… Je me retrouve assez rapidement sur la grande route qui va vers Tirane : rectiligne, seulement deux voies et très longue. Beaucoup de circulation, aussi, qui pousse les conducteurs à essayer de doubler tout ce qui va un peu trop lentement en permanence. Heureusement, la route est juste assez large pour ne pas etre inquiété, sinon par les très gros camions qui me préviennent amicalement par un coup de klaxon étourdissant…
A 11h30, j’ai battu mon précédent record de distance : déjà 135km parcourus ! Je croise deux autrichiens en sens inverse, puis pendant une pause repas, un anglais et un couple autrichien qui vont dans le meme sens que moi. Je reprends la route, et comme c’est un peu ennuyant – tout droit, tout plat – je me mets la musique en branchant mon ampli dans ma remorque. Première fois que je fais ça, et c’était très sympa ! Je faisais encore plus d’effet ahahah ! J’avais essayé une fois les écouteurs en France, mais ça isole beaucoup trop : on entend peu les bruits de la route et ceux du vélo (très importants pour détecter une anomalie !).
Mais je ne fais que quelques kilomètres et il commence à pleuvoir un peu, alors je referme tout. Je me dois de dire que je suis surpris par l’accueil très chaleureux de beaucoup de monde : presque tous me saluent à mon passage, j’ai pu avoir de l’eau très fraiche dans un bar et discuté sans aucune langue en commun avec amusement.
Je continue après avoir bien tout fermé et protégé ce qu’il faut avec des sacs plastiques. Ce n’est alors qu’une pluie légère… Mais au bout de 15 minutes celle-ci devient très forte. Les gouttes sont grosses, lourdes, et je ne tarde pas à avoir le visage ruisselant. Le pantalon ne met pas très longtemps à etre également bien mouillé, mais je tiens le coup. Et puis à l’occasion d’un coup d’oeil dans mon rétro, je vois que l’anglais m’a rattrapé et s’est mis juste derrière moi ! Avec quelques signes de salutation, nous continuons ensemble : dans un premier temps c’est moi qui casse le vent à l’avant (ah oui parce qu’il y avait aussi du vent, mais c’était correct), puis il me remplace. Au bout d’une heure, trempés, nous décidons de nous arreter pour déjeuner dans un restaurant. Il est environ 13h30 je crois, et je commande un plat de spaghettis et un thé (il m’a donné un ice tea… bref.) que j’ai payé 2 euros ! C’était la bonne surprise :p Nous faisons un peu plus connaissance, il se nomme Ken et va également vers Istanbul mais en passant par la Macédoine alors que je descends jusqu’en Grèce. Il compte aller jusqu’à un camping qu’il avait repéré à une vingtaine de kilomètres de là où nous sommes. Moi j’ai encore mon plan en tete… Il me donne à tout hasard un prospectus d’une auberge à Tirane car il ne compte pas y aller.
Le temps a l’air de se calmer un peu, la pluie est continue mais plus légère. On reprend la route en espérant que c’est le début d’une amélioration… qui n’arrivera définitivement pas. Dix minutes plus tard, c’est un déluge qui commence et en très peu de temps je suis totalement trempé : le moment où je sens l’eau entrer dans les chaussures parce que le pantalon dégouline, puis celui où en décollant le pied je sens toute l’eau glisser en dessous, « mes chaussures sont deux piscines », le moment où j’enlève mes lunettes car il tombe tellement d’eau que j’y vois trop peu, celui où je ne fais plus du tout attention aux énormes flaques parce qu’elles ne changent plus rien à mon état… Pour vous donner un peu une idée de la puissance de la pluie, je devais rouler en gardant la bouche plutot fermée, car si je l’ouvrais, les gouttes fouettaient mes lèvres et ça piquait pas mal.
Et dans la tete, ça cogitait. Dans cet état, il n’était plus possible de faire du camping sauvage ce soir. D’ailleurs, planter la tente sous cette pluie et dormir dessous aurait été un calvaire. Quelque soit la durée pendant laquelle j’allais encore pédaler, il fallait que je m’arrete dans un endroit sec où je puisse au moins me changer, voire avoir une douche chaude.
Ken m’a proposé d’aller à son camping, mais ça m’intéressait peu : déjà parce que je n’avais pas envie de planter ma tente là dessous, et surtout parce que c’était beaucoup trop proche. C’était certes un beau déluge, c’était certes très difficile de tenir et continuer mais j’avais fait le stock de motivation et je ne comptais pas me laisser faire aussi facilement ! Alors j’ai décidé d’aller jusqu’à Tirane, précisément dans l’auberge dont il m’avait donné le prospectus. C’était à 65 km de là, et trois heures de route de plus à tenir mais j’étais déterminé ! La dernière heure a tout de meme été particulièrement difficile : le temps est devenu plus froid, la route avait l’air de n’en jamais finir, les pieds commençaient à se lasser de toute cette eau et j’avais parfois du mal à maintenir cette joie d’y etre, comme si je m’amusais dans des jeux d’eau l’été. J’ai joué avec mon mental, j’ai taquiné ses limites et été attentif à son évolution, pour ne jamais oublier la bonheur qu’il y a à etre là, la chance que j’ai de vivre cela et de choisir de le vivre. C’est dans des moments comme ça que l’on en apprend le plus sur soi-meme
Et puis je suis arrivé. J’ai remonté la rue et cherchant un peu, un homme s’est arreté en voiture et m’a tout de suite demandé si je cherchais l’hotel. J’ai acquiescé et il m’a dit de le suivre : il m’a accompagné jusque là ! Quelle gentillesse ! Et j’en avais besoin. Je suis entré, avec un bruit de « scrountch » à chaque pas, chaque vetement – jusqu’au caleçon – méritant d’etre essoré, et à la question « How are you ? » à mon arrivée, j’ai juste répondu « hmm, WET. » (=humide) Après un moment de doute, on me dit qu’il reste effectivement un lit disponible, et quelques instants plus tard je file sous une douche chaude et me change avant meme de payer et m’enregistrer…
Après 17 heures de vélo, incluant des pauses, j’ai ce jour parcouru 220km (j’en espérais clairement plus de 300 si j’avais pu continuer) avec une moyenne aux alentours de 17km/h, mangé du salé 3 fois et du sucré au moins 7 fois. J’ai fait 80 kilomètres sous une pluie de folie et 40km complètement de nuit.
« Plus j’en fais, plus je suis capable d’en faire ! » « More I do, more I can do ! »
Et je suis fichtrement heureux !
28 – Traversée de l’Albanie ! 27 avril – 2 mai
Bon, mais deux inconvénients m’attendaient à Tirana, pour la jongle. Le premier est le temps, car la météo annonçait cinq jours de pluie et d’orages sur tout le pays, et le second est la pauvreté elle-meme du pays. Car meme pendant les belles éclaircies, j’ai essayé de jongler… et je me suis arreté. Car je ne me vois vraiment pas jongler et gagner de l’argent alors que des petits enfants mendient un peu plus loin dans la rue et ne comprennent pas ce que je fais, ni pourquoi j’ai besoin de cette charité pour mon projet…
Donc j’ai décidé que je ne jonglerai pas en Albanie, à moins de trouver un endroit touristique fréquenté qui soit « suffisant », mais il n’y en a pas eu.
Et il était impensable que je reste immobile pendant ces cinq jours. Donc j’ai également décidé de prendre la route, et à défaut de mes batons du diable, il a fallu que je jongle avec les orages. C’est à dire qu’il n’était plus question de rester sous les très fortes pluies : alors pendant les trois jours que m’ont pris la traversée, s’il pleuvait vraiment trop, je m’arretais et j’attendais simplement. J’ai ainsi trouvé plusieurs abris assez exotiques
Mais les plaines, ça me lassait un peu : du tout plat tout droit, il n’y a rien de plus ennuyant pour un cycliste ˆˆ Mais heureusement, l’Albanie n’avait pas dit son dernier mot ! Car le sud (ainsi que l’intérieur des terre, plus à l’Est) est plein de montagnes, et je m’y suis lancé plein d’énergie… que j’ai entièrement dépensée ! Le premier jour dans les montagnes, je me suis arreté à 17h (mais j’ai commencé à 8h) car j’étais trop épuisé pour continuer de grimper. Ce qui m’a laissé voir le sommet le lendemain matin !
Et alors que je commençais à descendre, j’ai entendu une guitare ! Parfait, j’étais pas contre l’idée de jongler un peu ! Et j’ai alors rencontré tout un groupe de 6 jeunes qui voyagent en camping car ! J’ai beaucoup sympathisé, et nous nous sommes donnés rendez-vous le soir à Sarande : il restait 70km à faire, alors qu’il était midi et qu’on était au passage du col, donc j’étais assez serein. Sauf que… la route n’allait pas simplement descendre. Elle longeait la montagne, mais assez haut sur son flan !! Et donc ça ne cessait de monter et descendre : ce jour là, j’ai du faire une quinzaine de pentes à 10%, c’en était lassant ! D’autant que le paysage restait le meme quand j’arrivais en haut…
Mais j’ai eu une superbe surprise en passant de l’autre coté juste avant d’arriver (la photo précédente) avec une vue sur la plaine qui m’a laissé sans voix quelques bons instants… Entre temps, il a aussi plu en me forçant à m’arreter, et vu la quantité de cotes, mes amis m’ont dit qu’ils ne pensaient vraiment pas que je puisse arriver à temps, mais je l’ai fait ! En je les ai rejoints dans un petit restaurant où je me suis bien restauré… et ils ont insisté pour m’offrir le repas ! Puis je suis allé avec eux au camping, j’ai dormi avec eux dans le camping car – pour le fun de l’expérience – et le lendemain… On a profité !
Car le beau temps est revenu et non avons eu une journée du 2 mai vraiment magnifique ! Au point que nous sommes allés profiter de la plage et que nous nous sommes baignés ! Je peux vous dire qu’on s’est fait plaisir, et cette petite photo peut vous donner une idée du cadre héhé ! Et puis ils ont repris leur route et moi la mienne : ils allaient certes en Grèce, mais nos estimations de distance par jour n’étaient pas tout à fait similaires ! Et puis je devais encore me « remettre » de mes trois jours de camping sauvage en faisant une grosse lessive, le plein de provisions… Alors je suis resté une nuit de plus à Sarande, et là je reprends la route vers Ioannina !