Mois de Juin
36 – Istanbul !! 31 mai au 8 juin
Ca y est !! Après le changement d’itinéraire que j’ai choisi en Croatie – à savoir que je passerai en Slovaquie puis Hongrie plutot que Moldavie et Ukraine -, c’est devenu le point le plus à l’Est de tout mon périple ! Et quel point !! La ville est gigantesque et vraiment, vraiment très belle. J’y ai passé un petit peu plus d’une semaine, et je n’en ai vu qu’une partie évidemment, mais à l’occasion de balades à pied ou à vélo j’ai chaque fois découvert de jolis batiments, de paisibles parcs et… beaucoup de monde. Ouais, c’est sur que ce n’est pas de tout repos ! Mais j’ai été très agréablement surpris par l’excellent accueil des turcs, et leur hospitalité (j’avais quand meme deux contacts avant d’arriver, et trois fois on m’a proposé spontannément l’hospitalité !!!).
Mon premier et principal contact est Deniz (au milieu sur la photo), que je remercie énormément avant tout, qui a été particulièrement réactif. L’histoire de notre rencontre commence il y a plus d’un mois en Albanie lorsque j’ai rencontré Sahin dans la rue. On discute, échange de contacts… et puis il a du parler de mon voyage autour de lui. Deniz ne le connait que par le couchsurfing, mais c’est arrivé jusqu’à ses oreilles. Or ça tombait bien : alors que j’arrivais vendredi soir à Istanbul, lui comptait partir lundi matin pour son reve d’aller à Paris à vélo ! Ainsi, il m’héberge, et en profite pour me poser toutes les questions qu’il veut !
Bon, mais il avait quelques difficultés financières : ses parents, qui désapprouvent le projet, ont finalement décidé de ne pas lui donner d’argent – il est étudiant – pour lui couper l’herbe sous le pied. Il était tout dépité… et puis on a cherché une solution. D’abord, des amis à lui ont accepté de se cotiser pour lui faire un peu d’argent. Ensuite, je lui ai proposé de m’accompagner une journée dans la rue, et tout ce que je gagnerai comme argent serait pour lui. Et ça a très bien marché ! Le problème d’argent était réglé, et lundi matin, il prévoyait de partir…
Prévoyait, oui. Car il a tout de meme appelé ses parents au matin, et ceux-ci n’étaient définitivement pas prets à le voir partir à l’aventure. Ne voulant pas les blesser, il a décidé de renoncer temporairement à Paris et de partir dans l’autre direction pour les rejoindre, en quelques jours de vélo.
Pour me remercier de l’aide que je lui ai apporté, il m’a alors fait énormément confiance, car il m’a proposé de garder les clés de l’appartement et d’y dormir, puis de les envoyer par la poste quand je partirai. J’avais donc l’appartement gratuitement et pour moi tout le reste de la semaine !
Et cela me laisse quand meme beaucoup plus de « mou » que quand je dois payer un lit chaque soir! Alors j’ai pu plus profiter de la ville, et j’ai visité ! Ayant jonglé en face de Sainte Sophie un des premiers jours, j’ai sympathisé avec des personnes qui essaient de vous embarquer pour un tour en bateau. J’ai pu avoir une place à moitié prix, et puis ils m’ont permis d’avoir deux tickets (j’y suis allé avec Jean Claude) pour la cathédrale-mosquée Sainte Sophie sans faire le queue (environ 2 à 3h d’attente quand meme). La photo ici est celle de la Mosquée Bleue, qui est également magnifique et dans laquelle je me suis rendu. Oh, et petite anecdote de la providence encore : dans Sainte Sophie, il y a beaucoup de superbes calligraphies arabes exposées, et j’étais complètement fasciné. Le souci du détail, la précision du geste et la beauté de l’ensemble sont remarquables ! Je regrettais juste de ne pas pouvoir lire ce qui y est écrit, car je savais que ce sont souvent des paroles de sagesse… et alors que j’avais cela en tete, un jeune homme est venu directement à moi et me demande « Vous savez ce qu’il y a écrit ? » « Non… » « Et bien là, ce signe veut dire… » et s’en est suivi une explication de facilement vingt minutes d’abord sur les calligraphies (je sais maintenant reconnaitre le nom d’Allah, et celui du Prophète) puis sur l’histoire de la ville, des sultans… Et non, ce n’était pas un guide ! D’ailleurs, il n’a jamais été question d’argent. Il a simplement du sentir ma curiosité, et de lui-meme a souhaité partager sa connaissance. Et merci de plus qui me vient du fond du coeur !
Et à propos de providence et d’hospitalité, je crois que je vais garder des souvenirs particulièrement touchants. Comme par exemple alors que je grimpais à vélo (Istanbul, c’est tout sauf plat) pour aller jongler, une voiture me double j’entends des encouragements avec une dame toute souriante à la fenetre. Bien que j’apprécie toujours pleinement, ce n’est plus très exceptionnel. Mais voilà que quelques dizaines de mètres plus loin et après un virage, je vois la voiture garée et la femme et son fils qui m’accueillent !! « Nous vous attendions ! Félicitations ! » Et s’en est suivi un échange très chaleureux. Ils m’ont alors invité à venir chez eux, pour dormir, manger ou quoi que ce soit si j’ai besoin d’aide. Etant déjà hébergé, je les ai gracieusement remercié et ai accepté avec plaisir de partager un diner avec eux. Le diner fut absolument excellent et fait maison spécialement en mon honneur : j’avais pu préciser que je ne consomme ni viande ni poisson, et cela a été gentiment respecté. C’était si bon que j’ai demandé la recette des poivrons farcis et de petits pois cuisinés merveilleusement en pensant au gage de ma grande soeur Valérie !
J’ai pu aussi prendre du bon temps, et profiter tranquillement des rencontres évidemment ! Ainsi, je me suis joins à un groupe de jongleurs, slackline et musique, et j’y ai retrouvé Gokce, une demoiselle qui a beaucoup voyagé en stop (entre autres) et que j’avais rencontrée… à Toulouse, à quelques jours de mon départ !! Nous avions gardé contact, et étant d’Istanbul, nous nous y sommes revus !!
Mais n’allez pas croire que j’ai chomé pour autant ! Je passé plusieurs heures à jongler, notamment dans l’immeeeeense avenue piétonne de Taksim, et si j’y ai gagné vraiment pas mal, je l’ai aussi dépensé.
En effet, Istanbul s’annonçait etre une occasion de bien revoir mon équipement. Je l’ai ainsi complété avec notamment une nouvelle protection imperméable pour ma remorque (la fermeture éclair m’a laché un peu avant Thessalonique), et des bricoles importantes mais dont la liste est peu intéressante. J’ai également fait une révision de mon vélo, acheté de nouvelles lunettes de soleil (on m’a volé les miennes, mais elles étaient toutes rayées), nettoyer mon appareil (les taches noires, sur les dernières photos…), les visites… Bref, il a fallu bosser pour payer tout ça ! Au final, je vais partir sans avoir pris d’avance dans les comptes, mais je reste en positif
Mais Istanbul c’est aussi un grand carrefour… aussi pour les cyclo-touristes ! Ainsi, presque tous ceux qui vont de l’Europe à l’Asie – et inversement – passent par ici. On est pas bien nombreux en tout, mais quand meme, ça fait une jolie petite concentration ! Et donc là j’ai retrouvé Jean-Claude, Anne-cécile et Nico (que vous connaissez, si vous avez suivi la fin de la Grèce), ainsi que deux autres couples qui vont vers l’Asie. Taiwan, Bangkok, Nouvelle-Zélande, Inde… chacun a son projet ! Mais moi, je reste en Europe pour cette fois ! J’adore ces soirées où chacun raconte des aventures complètement folles qui sont arrivées pendant la route. Et nous nous comprenons si bien !
37 – Je fonce en Bulgarie ! 9 au 11 juin
Ah oui, la Bulgarie, faut pas que je traine : entre les 10 jours à Thessalonique à attendre mon colis, et les 8 jours à Istanbul pour… ben profiter de la ville et tout bien remettre en ordre, j’ai quelques jours de retard. Pas grand chose, mais faut pas que ça s’accumule, alors en route !
Stop ! Avant de quitter Istanbul, dimanche 8, j’ai quand meme vécu un moment exceptionnel : alors que les deux ponts sont strictement interdits aux vélos habituellement, j’ai quand meme pu aller sur le continent asiatique à vélo. Comment ?! Et bien j’ai beaucoup de chance, car un très gros événement de cyclisme était organisé, et nous avons été plus de 2000 cyclistes à franchir le détroit par le pont ! C’était beau à voir !! Et puis une expérience rare ! L’ambiance était très bonne, mais on sentait une certaine tension vi-à-vis des automobilistes. Ca a d’ailleurs un peu chauffé vers la fin…
Et puis je me suis mis en route… vers 15h du coup. L’objectif de l’aprem était simplement de sortir de la ville : d’une part c’est pas une mince affaire, et d’autre part ça me permet de bien me lancer. J’ai fait une cinquantaine de kilomètres avant de finalement m’arreter pour une longue nuit de sommeil. Car quand je suis en ville, j’ai tendance à écourter mes nuits – y a toujours quelque chose à faire… – et je me rattrape sur le camping sauvage ! Je ne dors jamais aussi longtemps, et cette nuit… je me suis fait un beau 13h de sommeil ! Avec un réveil à 9h et un départ à 10, j’avais la patate pour une longue journée.
Et là, je me suis vraiment mis au taff. En quelques chiffres, sur les trois jours qui ont suivi j’ai fait 340km, un peu plus de 2500m d’ascension et ma plus longue journée a été la seconde avec 11h de vélo (incluant quelques courtes pauses) ! Ah ouais, quand j’ai un objectif – arriver en Bulgarie en deux jours – je n’y vais pas par quatre chemins ! Ca peut paraitre beaucoup pour la distance (néanmois respectable) parcourrue, mais les 2500m n’étaient que collines incessantes, et j’avais un fort vent venant du Nord qui faisait que meme dans les descentes j’allais pas à plus de 20km/h ! C’est tout juste si je me reposais un peu les jambes… Et le tout sous un soleil de plomb.
Le paysage changeait peu, mais j’ai quand meme eu quelques belles vues par surprise.
Le premier soir, j’ai d’ailleurs eu beaucoup de chance car il y avait sur ma route une source d’eau potable. Ni une ni deux, je me suis fait mon camping sauvage à proximité (mais pas trop près, car il était fréquent que du monde s’arrete à la source) et j’ai eu l’eau à volonté. De quoi me faire une petite douche caché dans les champs !
Et puis j’ai réussi. Je suis arrivé en Bulgarie à la fin de second jour, plutot claqué (avec tous les hauts et les bas en plus, le poste frontalier est à environ 650m de haut) et fort heureusement une fois de l’autre coté, la route descendait. Je me suis donc laissé porté jusqu’à trouver un endroit agréable pour le camping.
Premières impressions de Bulgarie ? Un paysage très vert, l’air en était parfois très lourd, l’alphabet cyrillique (le retour !), une route assez cabossée, l’absence de klaxon (!!! ça fait tellement de bien ! Ils en ont, évidemment, mais n’en usent pas chaque fois qu’ils touchent au levier de vitesse…, eux), des églises qui sonnent comme des carillons, et puis une hospitalité qui semble nettement plus réservée qu’en Turquie. Ah, et les chevaux en liberté ! Si si, deux, trois, par-ci par-là, dans d’immense prés et sans la moindre cloture.
Aller, je reprends la route : je suis à Burgas, et je vais maintenant à Varna ! A dans deux jours !
38 – Varna ! 12-13 juin
De Burgas à Varna, il y a environ 105km en passant par une petite route que j’avais repéré. Mais comme je voulais passer dans Burgas, je me suis dit qu’après les jours précédents un peu speedy, je pourrais « m’offrir » une journée peinarde et faire le trajet en deux jours, quitte à arriver dès le matin, puis jongler l’après midi et repartir le lendemain de Varna.
Alors j’ai pris mon temps et j’ai décollé qu’à 10h. Première surprise, je constate que la route de la veille a été tellement secouante que une des deux pièces fabriquées maison par mon papa pour ma remorque s’est cassée. Ce sont deux pièces de métal taillées et soudées à l’arc très précisément pour l’attache de ma remorque sur le vélo. Je suis donc allé chez un garagiste et ils n’ont eu aucun souci pour me la réparer. Je reprends la route, et puis je fais un petit tour dans la ville de Burgas.
Vu que je suis peinard, j’en ai aussi profité pour faire des courses, et je suis passé dans un carrefour que les locaux m’ont indiqué.Et puis – enfin !- j’ai vraiment commencé à prendre la route.
Entre les deux villes, une chaine de hautes collines (je crois qu’il y avait quelque chose comme 400m, alors que je partais de la cote) m’attendent et j’ai dans l’idée de grimper et camper au sommet pour m’amuser à les dévaler au petit matin. J’étais complètement serein et me savait tranquille pour le faire, du coup je me suis fait une belle pause déjeuner de 45min après deux heures de vélo et avant de monter.
Mais fort de toute cette énergie, et bien… j’ai torché ces collines et suis arrivé au point le plus haut après seulement une heure ! Alors je me suis dit que je pourrais faire toute la route en une journée… Il était 17h, et j’avais encore environ 60km. Ca faisait un peu juste hein, mais l’idée me plaisait. J’ai foncé dans la descente car la route était en excellent état et avec aucune circulation… mais ça ne faisait pas que descendre.
Car d’autres collines m’attendaient derrière, sinon c’est pas marrant. Alors j’ai vraiment poussé, et j’ai tenu le rythme avec de grandes vitesses meme en montée. Petite parenthèse : je vous disais qu’il y avait des chevaux en « liberté » régulièrement… et ben en voilà qui était bien tranquille au milieu de la route, et que tout le monde contournait tranquillement…
J’ai à nouveau fait appel à ma maman pour avoir l’adresse d’une auberge à Varna car je serai arrivé trop tard pour l’office de tourisme… et puis il me restait à faire tous les kilomètres. Le moment où je passe en dessous des 30, puis de 20km. Ces moments aussi où selon ton compteur il te reste 24km, et qu’un panneau indique 26, et que pendant une fraction de seconde tu as l’impression d’etre face à la plus grande injustice du monde ahahah !
Et puis je suis finalement arrivé, tard. Epuisé, mais fier d’avoir finalement fait 135km… avec une moyenne à 20km/h et toutes ces collines au milieu ! Ils avaient été prévenus à l’auberge et ils m’attendaient. En revanche, ils annonçaient etre au premier étage… alors que c’était au troisième avec des escaliers très étroits ! Mais j’étais bien.
Le lendemain, j’ai été jongler l’après midi et je me suis fait assez d’argent pour etre tranquille pour la Bulgarie ! Un peu de repos, du temps pour discuter longuement avec certains, ça fait plaisir !
Oh, et j’y pense, j’ai oublié de vous dire mais à la sortie d’Istanbul, j’ai franchi le cap des 4000km ! Cela dit, ayant passé beaucoup de temps là bas et à Thessalonique, je suis un peu en retard dans mon planning, et dans un mois il faut que je sois à Prague ! Tout en passant par la Pologne avant et retrouver quelques amis que je me suis fait avec le couchsurfing ! Je vais donc avoir un mois pour faire environ 2000km… Ca ne va pas me laisser beaucoup de temps pour jongler ça !
39 – Et hop, quelques tours de roue, et me voilà en Roumanie ! 14-16 juin
Objectif annoncé à moi-meme : faire Varna – Bucarest en deux jours. J’avais vu la distance, ça m’avait semblé etre jouable mais chaud… et puis j’ai oublié combien c’était exactement ! Du coup, sur la route je ne savais pas exactement combien je devais faire le premier jour !
Et puis la matin meme, il a fallu que je range toutes mes affaires, que je fasse des courses, que je poste quelques cartes et que j’écrive mon article ! Au final, je crois que je n’ai vraiment pris la route que vers 11h30 ! Et hop, en cadence ! Je ne savais pas combien je devais faire, mais clairement je comptais aller jusqu’à la frontière à la ville de Silivri. Là, je prendrai un bac pour traverser le fleuve – juste après le poste de douane – et je foncerai vers Bucarest.
En chemin, j’ai vu ces sculptures de déchets en plastique. « Ces », car il y en avait plus d’une dizaine, séparés d’une trentaine de mètres le long de la route. De l’homme sur une balançoire à une araignée qui grimpe dans un arbre, c’était créatif !
Finalement, je me suis arreté à une dizaine de kilomètres de la ville de Silivri après 120km. Un camping sauvage en bord de champ où j’ai eu la visite – charmante mais insistante – d’une bonne quarantaine de moustiques… Je me suis donc réfugié dans ma tente avec tout ce dont j’ai besoin et me suis cuit de la semoule avec la technique de jean claude : du jus de citron et du jus de tomate ! Le tout avec d’autres légumes, c’était nickel.
Je reprends la route tranquillement vers 9h (il me faut chaque fois environ une heure pour tout ranger tranquillement, en prenant le temps qu’il faut) et j’arrive au bac vers 10h20 après le passage à la douane. Je pose mon vélo, et je vais acheter un ticket pour le bac… et reviens à 10h31. J’insiste sur la précision, car cette minute de trop m’en a fait « perdre » 60 ! En effet, le bateau fait l’aller retour toutes les heures, et j’arrive sur le quai… au moment où ils lachent les amarres. Avec la looooongue journée qui m’attendait, etre arreté une heure dès le début alors que j’ai la patate, c’était pas cool. Je n’étais pas super confiant de pouvoir arriver à temps. Mais pas question de rager et perdre effectivement ce temps : si j’ai un contre-temps – si nous avons un contre-temps à tout moment – et que l’on s’ennuie, il n’appartient qu’à nous d’en faire un moment utile ou intéressant. Le conducteur du bateau fait sa vie, et il est parti à l’heure meme s’il savait que j’allais arriver 30sec après. Je serai le seul et unique responsable si je ne faisais rien de productif pendant l’heure qui suit. C’est important de se rendre compte de tous ces moments que – parce que c’était pas prévu, ou parce qu’on se retrouve un peu bloqué par un coup du sort – on relègue à un « je me suis emmerdé pendant une heure » qui n’a aucun intéret. Vous vous imaginez, ce pauvre « instant » et ses pensées ?? Alors que celui d’avant il est « magique » parce que je découvre un paysage, et celui d’après est « merveilleux » parce que je rencontre plein de personnes, lui n’a « servi à rien » parce que ce C#% de conducteur est parti et que je me fais C@* là à rien pouvoir faire ! Vlà le destin !
Alors j’ai accueilli avec douceur cette heure (je savais meme pas combien de temps ça allait durer…) en écrivant mon vocabulaire roumain, puis en remplissant mon eau, et puis au final j’ai sorti un livre et j’ai commencé à lire. Et il y aurait eu mille autre façon de le vivre ! Ne vous laissez pas berner par une phrase du genre « ah ouais mais là, dans cette situation, j’pouvais vraiment rien faire ». N’allez pas prétendre que votre imagination est déjà dépassée, vous la sous-estimez beaucoup !
Mais revenons à nos moutons ! J’ai donc traversé la route, et là, le verdict tombe : Bucarest, 132 kilomètres. Boum, sachant que j’en ai fait une quinzaine, et qu’il est midi quand je débarque. Bizarrement, je me suis fait la réflexion « ah mais c’est jouable ! » car en fait je craignais qu’il n’y ait 180km restants… Comme quoi ! Et je m’y suis donc lancé à fond. Ce qui m’a sauvé, c’était que j’ai pu profiter de l’ancienne route nationale – donc toute droite, très bon état et peu de traffic – et que c’est tout plat ! Il y a bien eu quelques montées, mais rien de folichon, et j’ai pu tenir une moyenne de 22km/h sur la totalité parcourue dans la journée !
En revanche, j’ai eu un peu de pluie : j’en ai profité pour faire une pause déjeuner – à 15h30 il était temps – mais il a replu ensuite et j’ai du changer de tenue pour continuer sous la pluie et ne pas m’arreter trop longtemps.
Au final, j’ai fait ce jour là 150 kilomètres (un record pour un jour « normal », les 220 de mon anniversaire était particuliers) et je suis arrivé en fin d’après midi tranquillement.
En arrivant à Bucarest, j’ai d’abord été très surpris par de grands blocs d’immeubles, immenses et similaires, sur les quelques kilomètres que fait la banlieue. J’ai appris par la suite qu’ils avaient été construits pendant la période communiste et qu’ils ont aussi bien donné du travail que servi à loger des milliers de personnes quittant la campagne pour les villes en vue de moderniser le pays. Mais très vite, je suis entré dans une ville plus ancienne, avec des batiments sublimes et un style qui fait parfois fortement penser à Paris. J’ai pu faire un bon tour, car je suis resté dans la ville le lendemain, et comme il pleuvait, j’ai choisi de participer au Walking Tour gratuit proposé par la ville. J’en ai ainsi appris beaucoup sur l’histoire de la ville, ses églises, ses monuments et ses mouvements sociaux. La photo que vous voyez là est notre groupe, devant une statue assez spéciale censée représenter les roumains. Ne l’aimant pas, ceux-là n’ont pas protesté, mais s’amusent beaucoup à la tourner en ridicule, notamment en portant dans leur bras à la façon de la statue toutes sortes de choses. N’ayant rien d’autre sous la main, j’ai porté mon chapeau !
Pour finir, je vous écris là le surlendemain, de bon matin, alors que je me demande si je vais partir aujourd’hui : il est prévu qu’il pleuve toute la journée, et c’est pas pour de faux. Je vais me préparer – au cas où – et puis si le feeling est bon, je reprends la route !
40 – La route a l’air mouillée, vers Brasov ! 17-18 juin
Comme souvent quand je dors en auberge, je ne suis parti qu’en début d’après midi de Bucarest. Je me suis meme amusé à commander une pizza et quelques légumes cuisinés à emporter que j’ai rentré dans ma remorque, et que j’ai mangés un peu plus loin. Quoi qu’il en soit, j’avais en tete d’etre à Brasov le lendemain soir, et j’avais à faire environ 180km pour ça. En deux jours, j’étais tranquille et j’avais juste en tete « Ok, avec cette après-midi, l’idée est de laisser moins de 100km à faire pour le lendemain, et ne pas dormir trop près des montagnes car des ours sont dans la région.
Je me suis finalement arreté près d’un espace d’arret aménagé car j’utilisais alors une des routes nationales. Avec la fréquentation de la route, et vu que j’étais à quelques km des montagnes, j’étais serein pour les ours. D’autant que j’ai eu un chien de garde ! Enfin, un pauvre chien sauvage qui était là, à garder cette borne kilométrique toute proche… Quand je me suis arreté là, et comme si je m’appretais à poser ma tente sur le terrain de quelqu’un, je me suis présenté, et j’ai passé un peu de temps avec lui pour faire connaissance. Nous jouons tous au meme jeu, et il n’y a pas de raison d’avoir peur du moment que l’on comprend que l’autre aussi a ses propres intérets, et qu’on y donne un peu d’attention. En l’occurence, il était ravi de recevoir un peu de tendresse, et n’avait pas l’air d’avoir très faim.
Pendant la nuit, il me rappelait qu’il était là quand je faisais un peu trop de bruit. Il en fallait de peu : juste zipper mon sac de couchage, et j’avais droit à une remontrance ! Et puis au petit matin, il était encore là, imperturbable.
J’ai repris la route vers 9h, mais le ciel était chargé de nuages et l’air assez lourd… Présageant ce qui devait arriver, j’ai mis directement tout mon équipement pluie, avec les gants, sacs plastiques dans les chaussures, pantalon de cycliste long et – un peu plus tard – le sac sous le casque.
Mais pas beaucoup plus tard, car dès 9h30 il s’est mis à pleuvoir… Vu la tete du ciel, ce n’était pas du tout passager et il était donc inutile de chercher à s’abriter : ce serait pareil une heure après. Donc j’ai continué. J’avais 96km à faire selon les panneaux, et ça n’allait pas se pédaler tout seul !
J’ai pu sentir, apprécier, et etre plein de gratitude, à quel point mon mental s’est renforcé et à quel point des phrases comme « Je choisis ce que je vis. C’est difficile, mais je veux vivre cela et j’irai jusqu’au bout. » sont devenues très puissantes pour maintenir le moral au beau fixe. Et j’en ai eu besoin, car j’ai finalement passé 7h30 sur la route ce jour là, donc 7h sous la pluie ! Et je n’ai fais quasiment aucune pause, et tout ce que j’ai mangé était des poignées de « boost », mes graines/noix/fruits séchés.
Ce jour, j’ai essoré mes semelles de chaussures alors que j’étais sous la pluie, mais ça avait du sens.
J’ai parfois accéléré, non pas pour aller plus vite, mais pour dépenser plus d’énergie, produire plus de chaleur, et pouvoir ensuite mieux la reporter sur les parties froides de mon corps.
J’ai pédalé en descente, presque dans le vide, juste pour rester chaud.
J’ai gardé si longtemps mes gants sous la pluie et complètement humides qu’ils ont déteint sur mes mains !
Mon frein arrière m’a laché à la fin de la journée – quand ça descendait – et j’ai du finir juste avec le frein avant… sur une route trempée, avec mes 70kg d’équipement (plus moi!) à controler et des pentes à 7-8 %
Mais j’ai gardé le sourire ! J’ai meme chanté sur la route ! Comparé au déluge vécu en Albanie et à la grosse fatigue psychologique de mon entrée en Grèce, sous la pluie, cette journée s’est très bien passée alors que j’y suis resté presque deux fois plus longtemps !
Et puis je suis arrivé à Brasov. L’auberge était à coté d’une grosse rue piétonne et je m’y suis bien reposé. Le lendemain, je me suis intallé non loin pour jongler et j’ai fait une super journée !! Non seulement ce jour fait partie de mes records de gains, mais j’ai fait beaucoup de rencontres et on m’a proposé trois fois l’hospitalité ! J’ai donc passé la nuit dans une grosse colocation de volontaires d’un peu partout, et avec mes gains j’ai pu réparer mon frein, m’offrir une nouvelle chaine et un plateau avant central qui était dans un piteux état… Et plein de bonnes choses à manger !!
Par ailleurs, je dois dire que j’ai adoré cette ville : l’architecture des batiments, l’entretien partout, très propre, fleuri, beaucoup d’espace et de verdure meme au centre. La grande majorité des spécialités culinaires sont à base de viande, mais j’ai pu me rattraper sur les patisseries et n’ait pas été déçu. Juste parfois un peu surpris… d’y trouver du fromage !
Mais plus que juste cette ville, j’ai un beau coup de coeur pour la Roumanie, car sur ma route beaucoup de petites choses qui me font sourire, comme par exemple dans tous les petits villages, chaque maison – ou presque – a un petit banc juste à coté du portail, et à la fin de la journée les gens, en famille ou entre amis, s’y assoient et sont là, tournés vers ce qui se passe dans la rue, toujours prets à saluer, encourager ou discuter !
41 – A moi la belle Cluj-Napoca ! 20-25 juin
Je suis parti le vendredi en début d’après midi, et le seul objectif que j’avais en tete était d’arriver à Cluj-Napoca au plus tard dimanche soir. C’était une prévision à la fois correcte, puisque je n’avais « que » 290km à faire, et à la fois pleine d’inconnues. En effet, bien que je passe au milieu et que (malheureusement) je ne passe finalement pas dans les montagnes, ce n’est pas plat pour autant. Mais surtout, le risque de pluie – forte et longue – est bien présent. Comme vous avez pu le lire dans les précédents articles, ça ne m’arrete pas pour autant, mais c’est à une condition : que je sois au sec le soir. Ainsi, si je sais que je vais faire du camping sauvage le soir, j’évite tout à fait de me retrouver dans le meme état qu’à Brasov ! Et là, j’avais deux nuits de camping sauvage en perspective devant moi…
Ainsi, dès le premier jour, j’ai du prendre quelques précautions… J’étais parti vers 13h de Brasov et je comptais donc commencer avec un « petit » 80km pour me mettre bien et dormir aux alentours de Sighisoara. Mais en début d’après midi, il a commencé à venté, et à 17h de gros nuages noirs sont arrivés avec un vent toujours plus fort. Tous les signes étaient là pour dire que dans la demi heure qui vient, j’allais me prendre une saucée de folie. Je me suis donc arreté un peu en urgence, en suivant complètement mon instinct qui m’a déjà si bien servi. La photo illustre cette arrivée soudaine de nuages, et en quelques minutes la tente est montée… et j’attendais d’avoir raison. Mais ça ne venait pas… Les nuages me passaient au-dessus sans pour autant y verser leur larme. J’étais plein d’hésitation, car il était très tot et j’étais encore à 30km de Sighisoara. Par ailleurs, m’étant un peu précipité pour mettre ma tente, je me suis mis en bordure d’un chemin qui avait l’air tranquille, mais en dix minutes une charette et une voiture sont passées, dissipant l’espoir d’etre incognito. Tout cela m’a finalement décidé à reprendre la route : j’ai tout rangé et suis remonté sur mon vélo. Mais à peine y étais-je qu’il se mit à pleuvoir ! C’est de la provoc ?? Je ne fais meme pas 200m et je trouve un endroit beaucoup plus discret et remonte tout avec un début de pluie de grosses gouttes… qui s’arrete quand tout est pret. Forcément ! Et pour ajouter à mon hésitation, je savais que mon diner serait des pates à cuire, et que s’il commence à vraiment pleuvoir avant, et que ça continue, alors ce sera forcément moins agréable de cuisiner mouillé – bien que ce soit faisable.
Mais j’ai décidé, pour la seconde fois, de tout ranger et reprendre la route. Je n’avais pas envie de m’arreter maintenant ! Au final, je suis bien arrivé à Sighisoara ce soir là, et j’ai planté ma tente sur un terrain vague en pleine ville, après avoir eu l’accord d’un gardien qui s’y baladait !
Le lendemain, j’avais la patate ! J’ai pris la route assez tot, et j’avais en tete d’en faire le plus possible. Cluj était annoncée à environ 160km, et je savais que j’étais donc très large car j’avais annoncé mon arrivée pour le lendemain soir. Mais je voulais essayer d’en laisser un minimum, arriver dans la matinée, et pouvoir jongler le reste du temps. J’avais deux itinéraires possibles et à peu près équivalents, et j’ai opté pour celui me faisant passer par Tirgu Mures où j’ai fait ma pause déjeuner. A cette occasion, comme en témoigne la photo, je me suis fait plaisir en m’achetant une mini bouteille de vin (une première ˆˆ) et un gros morceaux de gruyère hollandais. Avec ça, des galettes pour faire un wrap (le « pain » turc me manque pour ça, c’était délicieux les yufka pour faire des sandwichs !) et une bonne dose de légumes frais coupés. Je m’en suis fait deux ! Le dessert était à la fois avant et après : des fruits ! Il est préférable de laisser passer au moins une demi-heure après un fruit avant de manger des légumes ou des féculents : étant digéré dans l’intestin alors que ces derniers le sont dans l’estomac, il faut laisser le passage libre ! Je mange donc fréquemment des bananes, des peches, des poires pendant mes mini pauses pendant la journée. Je prends peu de pommes car il faudrait que je les isole, car les mettre proches d’autres fruits accélère beaucoup le murissement ce ceux-ci… et ils en prennent déjà assez avec les chocs de la route pour que je ne leur impose pas ça !
Mais depuis le début de cet article, je vous dit que j’ai annoncé mon arrivée dimanche soir… mais à qui ?? En fait, avant de partir, je n’avais quasiment aucun contacts prévus en Europe de l’Est. « Quasiment », car des amis de ma famille – Paula et Théo – viennent de Roumanie et vivent à Toulouse, et grace à eux j’ai eu un accueil merveilleux à Cluj. Ils ont prévenus leur famille ici et j’ai été invité à dormir dans une pension sportive qui leur appartient. Ils n’habitent pas à Cluj Napoca mais j’étais attendu par le gérant, et il m’a tout de suite guidé vers un dortoir réservé entièrement pour moi ! Il m’a également très gentiment offert une pleine boite de cerises fraichement cueillies.
Un peu plus tard dans la soirée, Diana – la nièce de Théo – et son copain sont venus me rencontrer. Après avoir un peu discuté, nous avons été diner ensemble et ils ont été plein d’attentions pour moi. Le lendemain matin, Diana avait un examen donc nous nous sommes quittés en nous donnant rendez-vous le lendemain midi pour que je leur montre ce que je fais en jonglant et prendre une photo ! Je les remercie beaucoup !
Et oui, le lendemain, j’étais encore à jongler dans la rue, car tout allait pour le mieux ! J’ai adoré la ville, pleine d’histoire et de beaux batiments. En entrant, j’ai découvert avec stupéfaction une immense église en construction, digne des siècles passés, puis je n’ai cessé d’avoir à lever les yeux : le théatre national, les mémoriaux, avec pour circuler de grandes allées aux larges trottoirs avec des pistes cyclables. Après une Istanbul où le vélo n’a pas trop la cote, ici ils sont légions, et en sont d’autant plus respectés.
Au centre, une grande place avec des stands vendant toutes sortes de produits manuels : de la poterie à la broderie, en passant par les spécialités culinaires et… Quoi ?! Des batons du diable ? En fait, j’ai jonglé pas très loin de cette place, et au bout d’un certain temps, un passant enthousiaste me dit « ah ! Il y a une femme qui en vend là-bas, mais je n’ai jamais vu personne en faire comme vous en faites ! » alors moi, tout en joie, j’avais forcément prévu d’y aller ! Mais elle m’a devancé, car elle avait entendu parler de mon « show », et elle m’a invité à son stand. J’y ai fait quelques démonstrations, puis je me suis récompensé de mon travail avec quelques spécialités : du « chocolat de la maison », des biscuits au basilic, un savon « Yogi », un petit pot de miel et un petit sachet de lavande qui est désormais dans mon sac de linge ahah !
Et dès ce premier jour à Cluj j’ai fait de belles rencontres, notamment avec Florina et Ada, deux roumaines avec qui j’ai discuté un bon moment (à droite et à gauche sur la photo). Je leur avais glissé que je ne savais pas où je dormirai le jour d’après, et elles ont appelé un ami – Daniel – qui a accepté de m’héberger !
Le lendemain de mon arrivée, j’ai à nouveau jonglé, et cela a si bien marché que je sais que je vais passer la frontière avec une bonne avance ! Mais les deux jours qui ont suivi, alors que je pensais partir, il a beaucoup plu, et j’ai accepté l’offre renouvelée de Daniel. Je serai donc resté quatre jours à Cluj Napoca pour mon plus grand plaisir ! La pluie s’étant arretée dans l’après midi, le troisième soir nous avons ensemble été dans le parc central pour y passer la musique. J’avais pris ma musique, mon baton du diable et acheté quelques fruits frais en chemin : que du bonheur !
A peine entré dans le parc, je vois quatre jeunes dont un qui fait du bilboquet. Sans meme une hésitation, je vais vers eux et les invite à se joindre à nous un peu plus loin. Nous voilà déjà neufs, et au cours de la soirée quelques personnes sont passées, se sont arretées, et encore de nouvelles rencontres ! Il faut dire que j’avais envie de me défouler après cette journée pluvieuse ! Et ce soir – le dernier – nous allons remettre ça, avec en plus des jongleurs de Cluj qui se joindront à nous ! L’info circule !
42 – A la croisée des pays ! 26-29 juin
Après ces quatre jours à Cluj – que j’ai adorés – je n’ai plus tellement d’avance et je me lance à nouveau avec joie sur la route avec de longues journées en perspective ! Je n’ai alors aucun arret prémédité jusqu’à Krakow en Pologne… Seulement que j’en aurai pour environ une semaine, et que sur la route se dressent les fameux Carpates que j’ai un peu cotoyé à Brasov, mais dont je m’approche du coeur.
J’ai fait mon premier camping sauvage juste après avoir dépassé un petit col, et en surplombant la ville de Zalaud (c’est bien un Z la première lettre :D) qui m’a offert ce magnifique cliché avec le coucher de soleil. J’ai planté ma tente sur un grand pré non cloturé en me dissimulant à coté d’arbres. Sur le versant d’en face je voyais des bergers avec leur troupeau de moutons : la soirée a été ponctuée d’aboiements et de belements. Au petit matin, je commence à ranger ma tente, et vois que le troupeau se dirige vers moi. Rapidement, deux chiens me repèrent et accourent vers moi. L’un des deux, colossal, ferait réfléchir un ours, clairement. Mais je n’avais pas la moindre crainte, pas plus qu’avec un chien sauvage, et ils l’ont bien senti : ils ont fini par approcher en trottinant et le plus gros a été friand de caresses.
Puis je me suis dirigé vers Satu Mare, la dernière grosse ville roumaine avant la frontière avec la Hongrie. J’y suis arrivé vers 17h, et comme il n’y avait pas d’auberge de jeunesse, deux choix s’offraient à moi : sois je continue ma route et je fais un camping sauvage un peu plus loin, soit je tente ma chance en jonglant dans la rue – fatigué après plusieurs heures de vélo – en demandant plus directement l’hospitalité.
J’ai opté pour cette seconde solution, et me suis installé dans la rue piétonne du centre, en face de la « Troue », une immense tour en béton, vraiment moche, qui fait office de mairie depuis la période soviétique. Ca a plutot bien fonctionné, et en plus de gagner de l’argent, au bout de 45 minutes j’ai rencontré une jeune femme parlant très bien français qui m’a dit que des amis à elle pourraient peut-etre m’héberger. Elle passe un coup de fil, et me voilà quelques minutes plus tard avec eux à boire un verre puis enchainer avec un petit restaurant. Ca m’a couté moins cher que ce que j’avais gagné dans la rue, et j’ai passé une très bonne soirée avec eux ! Ce sont des volontaires en service civique qui sont ici pour leur association – une « filiale » d’Emaus – qui a pour but d’aider des jeunes à la rue à réaliser leurs projets et se lancer dans la vie professionnelle. Ils m’ont parlé de plusieurs projets, et c’est vraiment très intéressant !
Et puis j’ai eu des petites galères : ma remorque a commencé à me faire des frayeurs. D’abord, la pièce fixée sur mon vélo et sur laquelle l’attache de la remorque se met s’est cassée. L’extrémité, plus précisément, et je ne pouvais plus faire deux mètres sans qu’elle ne se barre… J’étais alors juste à la frontière avec la Hongrie et je n’avais aucune envie de rester bloqué en attendant une pièce de rechange. Fort heureusement, avec une petite astuce en retournant la pièce en question, j’ai trouvé un moment pour que ça continue… Et là, le lendemain à Uzhhorod, c’est cette fois la pièce de l’attache de la remorque qui s’est fendue ! Encore une fois, c’est une pièce critique dont je ne peux pas me passer… Il a fallu que j’y mette tout mon fil de fer et compléter avec de la corde pour faire un système assez solide pour reprendre la route, mais qui ne peut etre que temporaire. Je vais trouver mieux chez un garagiste.
Attends mais… Uzhhorod, c’est en Ukraine ! Et oui ! Ces deux derniers jours, j’ai été dans quatre pays ! Je sortais de Roumanie, puis traversé l’Est de la Hongrie, puis entré en Ukraine et enfin en Slovaquie ! Un peu comme mettre le pied en Asie, je voulais tout de meme passer par ce pays, quitte à ne meme pas y passer une nuit !
Cela dit, il faut savoir que pour y entrer, il y a deux types de frontières : celles où on entre avec un véhicule enregistré, et celles où on entre à pied. Et les vélos ne peuvent passer que par la seconde, car pas de papiers ! Pour mon arrivée, je suis passé par Chop, et j’ai vu que les vélos étaient interdits… Mais évidemment, j’ai tenté ma chance !
Après avoir traversé le pont de la frontière, les militaires ukrainiens m’ont arreté, mais ils étaient amusés par mon vélo et nous avons plaisanté ensemble. J’ai montré ma carte et puis après trois coups de fils, ils ont demandé à une voiture – la première qui venait – de me déclarer passager et à la douane ils ont eu à faire l’effort d’imaginer que mon vélo était dans la voiture !!
Et puis après quelques heures à rouler en Ukraine, je me suis dirigé vers la frontière slovaque… Mais là, le militaire n’avait pas spécialement envie de blaguer, et les douaniers moins d’imagination. J’ai finalement du faire demi-tour et faire deux à trois heures de route de plus pour trouver une petite frontière pour piétons. Là, je dois le dire, je suis resté scotché par une douanière slovaque. Clairement, les roumaines sont très jolies, et depuis… et bien la gente féminine de Hongrie et d’Ukraine ne m’a pas convaincu (pour le peu que j’en ai vu hein, il n’est pas question de faire une généralité). Et là, je crois que j’ai rarement été aussi content de tendre mon passeport pour un controle ahah !
Ce jour là, je m’étais réveillé tot – vers 6h30 – et j’ai pédalé toute la journée pour arriver en fin d’aprem à Michalovce dans un super camping près d’un lac et après quelques 130km. Super ? Oh oui ! Camping gratuit, toilettes gratuits la première nuit, internet et électricité également pour une consommation… J’ai demandé une spécialité slovaque (des pates au fromage) pour 3€ et j’ai eu une soupe de légumes offerte, ainsi qu’un thé pour le petit déj. Le tout avec une baignade dans le lac… Je crois que je suis bien pour repartir !