Mois de Mai

29 – Que se passe-t-il ?!

Bonjour tout le monde ! Je laisse un petit article express ici pour vous dire de ne pas vous inquiéter ! En effet, si le site n’est subitement plus à jour, c’est simplement… Que j’ai oublié le chargeur de ma tablette à Sarande en Albanie ! Et sans ca, je ne peux plus gérer mes photos et écrire un article depuis mon téléphone, meme sans photos, est un calvaire ! Rassurez vous donc, tout va bien : je suis actuellement à Thessalonique en Grèce ! Mais vous serez bientot à nouveau au courant de mes aventures ! Car je vais recevoir très prochainement un nouveau chargeur- introuvable en commerce !
A bientot !!

30 – Une entrée en Grèce qui pique un peu ! 3-4 mai

P1040444

Ah ! Ca reprend enfin ! Et je commence avec du lourd… Car la journée du 4 mai a été une des plus éprouvantes, mentalement, de mon voyage (pour l’instant). Car si je peux vous faire rêver avec de superbes paysages et des rencontres de folie, parfois je choisis (j’insiste) de vivre aussi des moments très difficiles. Par ailleurs, c’est un excellent concentré des questionnements et doutes que je peux avoir et auxquels ils faut que je réponde.
Je pose d’abord un peu le contexte, puis je vous laisserai en juger en retranscrivant ici ce que j’ai écrit dans mon journal de bord.
Le samedi 3 mai, je suis en route vers la Grèce : il y a des montagnes à traverser, mais elles sont vraiment légères. En revanche, il pleut souvent mais jamais fortement. Je finis par m’arreter juste avant la frontière après avoir trouvé un endroit idéal pour du camping sauvage, comme vous pouvez le voir sur les photos. Je surplombais la route, et j’avais une superbe vue sur toute la plaine environnant ma montagne. La nuit, je dois le préciser, j’ai tout de meme eu la pluie la plus puissante de toutes mes nuits sous tente. J’ai fait des vidéos et pour les avoir regardé, je suis content car vous vous rendrez bien compte à quel point c’était assourdissant en regardant le DVD. Mais autrement, la nuit s’est bien passée, puis les nuages se sont calmés et pour mon petit déjeuner j’avais une belle vue.

P1040442

Alors depuis mon monticule (j’aime bien cette photo, il aurait juste fallu que j’y sois, genre en train de planter mon drapeau ^^), j’ai tranquillement rangé mes affaires. Mais allons, je laisse place à mon journal de bord !

Dimanche… Sun-day, hein ? Ce jour a été un des jours les plus épuisants jusqu’à présent. Mais procédons dans l’ordre !
10h30: En extase devant le paysage, je trainais à partir. Et puis, je n’ai que 70km à faire pour arriver à Ioannina en Grèce. Pas de raison que je n’y arrive pas, n’est-ce pas ?
11h30: je franchis la frontière en ayant fait seulement 12km car le vent soufflait de face sur toute la plaine. Cela ne m’inquiétait pas, mais le plat, lentement, était ennuyant.
13h: Changement d’heure ! +1 heure, soit « mentalement » une heure de moins pour arriver et la pluie s’y met. Assez légère mais continue. La route monte, large et régulière. Il n’y a rien autour : pendant des kilomètres, je ne vais voir que cette route et meme les montagnes autour sont arrondies et pas très stimulantes. Par ailleurs, je fatigue nettement car j’ai un gros souci de nourriture : j’avais dépense jeudi tous mes derniers sous Albanais et je dois donc attendre la Grèce pour pouvoir acheter quoi que ce soit. J’ai des fruits, des boosts (ma boite de fruits secs, noix, puis miel et confiture mais sans pain) et un reste de repas pour le soir. Je me fais donc des coups de fouet sucrés mais ça ne suffit évidemment pas.
14h30: Je ne connais pas l’heure exacte, mais il se mit à pleuvoir des grosses gouttes. Mon instinct m’a dit qu’il fallait que je trouve vite un abri… Or il n’y en avait aucun. Pour la première fois, j’ai donc décidé de planter ma tente de jour. Et j’eus raison : j’ai fini de la monter sous des trombes d’eau. Réfugié dessous, à attendre, je dors même un peu.
15h: la pluie s’est arrêtée. Je range le peu que j’avais ouvert puis je commence à démonter la tente et… il se remet à pleuvoir. Et très fort à nouveau. Je remets vite ma tente et patiente à nouveau. J’ai déjà les chaussures très humides.
15h20: OK, ça a l’air bon, je reprends la route !
16h20: Alors qu’il pleut régulièrement par intermittence, les grosses gouttes reviennent, me forçant à refaire une pause. Heureusement, il commence à y avoir un peu plus de civilisation et je me réfugie sous un abri bus miteux. Je reprends la route 15 minutes plus tard, sous une pluie faiblarde. Il me reste 40km à faire… !
18h: Je suis sur le point d’abandonner. Il me reste environ 20km à faire, il pleut encore fort, et il commence à être tard pour le soleil – il fait donc plus froid. Les côtés de la route deviennent de grandes étendues d’herbe grasse et je décide de m’y arrêter après avoir vu un chemin permettant d’y accéder. Sauf que c’était… un marécage… et sous cette belle herbe, tout était boue et eau. Mais le moral rincé par la pluie, j’y mets quand même ma tente. Celle-ci est maintenant complètement trempée, même à l’intérieur où il y a quelques flaques que j’essaie d’évacuer. Les sardines tiennent évidemment mal et il faut que je ruse pour que les sacs ne reposent pas dans l’eau et la boue… Bref, c’est la misère !
Et là, quand je pousse un long soupir dans ma tente en me demandant procéder le plus efficacement possible pour m’installer pour la nuit… le soleil arrive ! Je sors, ébloui et je me questionne d’autant plus : vu la position/vitesse des nuages, j’y aurai droit environ 45minutes. N’ayant aucun mal à reconnaître que je ne trouverai pas pire camping, je décide de reprendre la route. Ma tente est si mouillée que je pourrais l’essorer !
18h30: je me lance sur la route. Objectif: faire un maximum de kilomètres avec les 30 minutes restantes !
18h32: un bruit étrange attire mon attention sur la route de ma remorque. De fait, elle est crevée… Je rage un peu et la répare en bord de route. En plus, l’illusion d’une double crevaison en rajoute un coup.
18h50: Je reprends la route, froid et mouillé. Le soleil ne tarde pas à se barrer.
19h20: Je vois un arc-en-ciel devant moi. Réaction : « Hourra ! Du soleil !! Ah… mais… et de la pluie… ». En pédalant, j’ai le moral assez secoué, mais des phrases me font tenir : « Je suis vivant. » suivi de « Et tout ce que je vis là me fait me sentir plus que jamais vivant ». Puis cette simple constation que tout ne va pas si mal puisque je peux encore faire ce que je veux « Je suis sur la route, en ce moment, parce que je le veux ! »
Et puis une autre pensée me motive : « Quand j’arriverai à Ioannina, je serai au sec dans une auberge, avec en plus une douche chaude ».
20h20: Je ne suis plus très loin de Ioannina. Et même si mon GPS n’a plus de pile, il me faut l’adresse d’une auberge. J’appelle alors la famille à la rescousse et ma maman lance la recherche.
20h25: abrité sous un porche, je la rappelle. « C’est mort » furent ses premiers mots… le verdict est tombé : il n’y a aucune auberge de jeunesse dans la ville ! Seulement des hotels à 30€ minimum. Dépité, je reprends la route en lui disant que je trouverai une solution. J’avais croisé la veille deux françaises qui venaient d’Athènes et vont jusqu’à Marseille (coucou à elles si elles lisent ça ^^) qui m’avaient parlé d’un camping au nord de la ville, mais je n’avais aucune idée de où exactement, et dans mon état j’aurai accepté le premier hotel venu en fait. Mais ce fut le camping.

P1040440

(ps : désolé, j’étais trop claqué pour prendre des photos cette fois…) Alors à 11€ la nuit, j’ai planté ma tente trempée sur un terrain correct vers 21h30. Le camping ne fournissant pas de serviette, j’ai du également renoncer à la douche chaude car j’ai utilisé la mienne pour tenter de sécher l’intérieur de ma tente.
J’aurai donc fini cette journée blotti dans mon sac de couchage (qui avait lui-même pris un peu l’eau sur la route), avec mon reste de repas froid, sans douche chaude et après avoir essoré mes semelles de chaussure en prévision du lendemain. Car le « pire » était encore que si le temps restait aussi mauvais (il a encore plu toute la nuit), je serai peut etre bloqué dans ce camping… Et même si je reprends la route, le faire avec les chaussures trempées dès le début n’est vraiment pas agréable. Et puis, pour aller où ? J’avais compté sur la pause à Ioannina pour décider si j’allais directement vers Thessalonique au travers des montagnes ou si je descendais plus au sud… »

Pfiou, quelle journée hein ! Mais il en faut des comme ça pour se rendre compte de la chance, du bonheur qu’il y a à vivre ! Ce sont ces moments qui me plongent dans la plus grande des gratitudes :)

31 – Après l’effort, l’extase ! 5-8 mai

P1040453

Mais après cette difficile journée du dimanche, tout s’est arrangé ! Au matin, il faisait très beau alors j’ai tout remballé et puis n’ayant strictement aucun plan, j’ai décidé de me balader en ville. Là, exactement au coeur de la ville, je trouve un endroit idéal pour jongler. Je m’y installe et me fais plaisir. Et parmi les conversations, une jeune femme me demande où je compte dormir. Sans mentir le moins du monde, je dis que je n’en ai strictement aucune idée. A ce moment là, je ne savais même pas si j’allais reprendre la route dans l’après-midi ou non. Elle me dit alors qu’elle a des amis qui pourraient m’héberger et me dit qu’elle reviendra plus tard ! Je suis déjà très content, et dans ce cas je songe à rester une bonne journée ici. Vers midi, c’est une étudiante (ah bah oui, la gente féminine semble plus concernée par mon sort, je vais pas me plaindre hein !) qui me pose la même question, et me dit qu’elle est responsable d’une association de sport à l’université et qu’elle pourrait me laisser dormir dans le gymnase sans souci (mais avec de l’eau froide pour les douches).

P1040475

Elle va en cours et on se donne rendez-vous pour la confirmation vers 18h30. Mais la première a été plus rapide, et elle me dit que je suis le bienvenu dans la collocation d’un ami et deux amies à elle. Et pour achever tout doute, elle me dit qu’ils ont une baignoire et qu’ils sont un groupe où beaucoup sont musiciens et certains jonglent… Je n’en demandais pas tant ! J’ai donc du décliner la seconde proposition d’hospitalité, fichtre !
J’ai finalement passé deux nuits chez eux, à jongler la journée (ça a d’ailleurs très bien marché et j’ai remboursé en une demi-journée tout ce que j’avais dépensé en Albanie) et à sortir le soir, jongler, jouer de la musique, des percus… Bref, le panard !

P1040480

Puis j’ai repris la route : direction Thessalonique, au travers des montagnes ! Et je ne le savais pas encore, mais je m’engageais là sur la plus belle des routes – sans le moindre doute – de tout mon voyage. Je suis passé par « l’ancienne route nationale ». Et dans cette appellation, il y a deux bonnes nouvelles : d’abord, ça suppose qu’il y en a une nouvelle, et donc que l’immense majorité du traffic sera là bas. Ensuite, « nationale » implique que les camions l’empruntaient autrefois, et donc… qu’il n’y aura pas de pente super brutale juste pour le fun.

P1040484

Depuis la ville, je les voyais au loin, ces monts dont certains sont enneigés. Je me demandais où la route allait passer, et ne sachant pas combien de temps ça me prendrait, j’ai fait un stock complet de provisions. Alors paradoxalement, alors que je me dirige vers les plus hauts cols de mon voyage, mon vélo n’a jamais été aussi lourd et j’ai certainement dépassé d’un peu les 70kg d’équipement et provisions. Et c’était parti : avec une vitesse d’environ 7 ou 8 kilomètres/heure, j’ai pédalé pendant des heures. Mais c’était régulier, et surtout, il me suffisait de lever le regard, ou de tourner la tête pour avoir une vue merveilleuse. Une vue pour laquelle j’aurai été prêt, en France, à monter (ou me joindre) à une petite expédition de randonnée pour toute la journée avec pour seul objectif d’avoir une de ces vues. Et là, à chaque petit col, chaque nouveau versant, pour ma pause repas comme pour mon camping sauvage, j’en avais de nouvelles, toutes aussi belles à leur façon. J’ai par ailleurs battu mon record d’altitude avec un col à 1700m après avoir déjeuné à 1550m en face d’un panorama soigneusement choisi !

P1040488

J’ai en particulier été impressionné par l’énergie que je pouvais tirer d’un seul regard sur un tel paysage. Plus d’une fois, fatigué par des heures à grimper, je reste en Joie et surtout je retrouve une grande motivation juste par un regard sur ce qui m’entourait. Que ce soit devant avec un tournant qui s’annonce plein de surprise, sur le côté avec la vue sur la vallée, ou encore derrière en voyant d’où je viens et tout ce que j’ai déjà fait… Et puis cette liberté, être seul au milieu de tout cela, sans autre souhait que d’être vivant, là, à cet instant et à cet endroit. J’ai pu m’arrêter et rester en extase plusieurs minutes devant une vue. Qu’aurais-je pu faire d’autre ? Pédaler encore un peu plus ? Faire 500m de plus dans ma journée ? A quoi bon ? Et ces questions, dont la réponse semble plus claire ici, sont exactement les mêmes au quotidien, quand j’étais à Paris : cette personne dont le sac de courses vient de se casser, je pourrais l’aider. Et celui-là qui veut absolument passer avant tout le monde, est-ce que je ne peux pas lui accorder, moi qui me rend compte que cet instant à attendre vaut autant qu’un autre, d’arriver plus tot chez lui ? D’ailleurs, combien de temps ai-je mis avant de me rendre compte que la femme au guichet de la RATP savait accorder un vrai sourire à chacune des personnes qui s’adressent à elle ? Oui, c’est vrai, je suis fatigué après ma journée de travail, mais à quoi bon renier ces moments à vivre ? Plus j’en fais et plus je suis capable d’en faire. Cette phrase fait tout ! Car nous sommes tous capable de tant ! Allez simplement un peu plus loin, et votre précédente limite ne sera alors plus du tout insurmontable.
Aller, sur ces belles paroles, je rends l’antenne et passe à l’article suivant !

32 – Le site fabuleux de Météora ! 9-11 mai

P1040505

Vous avez pu voir dans mon précédent article que j’ai eu énormément de joie à rouler sur cette route au coeur des montagnes, et il allait y avoir une fin à la hauteur du parcours ! Car j’ai plusieurs fois entendu parler d’un site manifique constitué d’immenses pitons rocheux avec des monastères au sommet, et ce n’était pas si loin de mon trajet. Et clairement, vu le plaisir que j’avais à être dans ces paysages, faire un détour n’était certainement pas pour me déplaire ! Alors je suis allé un peu plus au sud, et j’ai vu…

P1040515

D’abord depuis une montagne au loin, puis en m’approchant peu à peu, puis du pied de ces pointes sorties de terre… Les photos sont belles, mais lorsqu’on est devant, je peux vous dire que c’est très impressionnant. Avant d’apprendre qu’une route permettait d’y accéder, j’ai cru qu’on visitait les monastères par un ascenseur vertical ou quelque chose du genre. Mais j’ai demandé s’il était possible d’y monter à vélo. On m’a regardé de travers, le vélo avec, et on m’a dit que oui, si j’étais « very strong ». Etant arrivé en fin d’après-midi j’ai alors décidé de dormir dans un des campings les plus proches et de prévoir de partir au petit matin, car c’est là que j’ai évidemment le plus de patate.

P1040532

Dans la soirée, j’ai rencontré au camping deux françaises avec qui j’ai sympathisé et comme elles venaient également d’arriver, nous nous doutions que nous allions nous retrouver le lendemain dans les monastères. Et de fait, nous avons tout visité ensemble ! Je suis parti ultra motivé, et en fait… c’était pas si difficile. Peut-être que les deux jours de montagnes à monter en quasi permanence y sont pour quelque chose, mais la route étant faite pour permettre aux bus pleins de touristes de monter, je n’ai vraiment pas eu de peine. Et la récompense était bien là ! Déjà la vue sur toute la plaine environnante, puis voir de près ces constructions qui sont au bord du vide, au bord d’un précipice de dizaines de mètres de haut et enfin… l’intérieur. J’ai vu beaucoup de belles choses déjà dans ce voyage, vraiment… mais ça ne m’a pas empêché de rester bouche bée devant plus créations d’une finesse que je n’ai jamais vu ailleurs. Des sculptures de bois où il faut plisser les yeux pour seulement essayer de voir tous les détails, des peintures et des écrits très émouvants…
Visite au cours de laquelle j’ai également reçu une flute, offerte par mes deux amies du moment, et que j’ai par la suite un peu pratiquée en camping sauvage (j’ai fait un « joyeux anniversaire » à des chiens errants ahahah).
Puis j’ai repris ma route !

P1040580

Car vous vous souvenez peut-être, mais à Dubrovnik en Croatie, il y avait eu comme une concentration de cyclo-touristes puisque dans la même après midi j’en avais rencontré 4 ! Et l’un d’entre eux, Jean-Claude, est le suisse qui va aller en Inde à vélo ! Il allait donc forcément passer par Istanbul, et comme Thessalonique était également sur son trajet (mais il est passé par la Macédoine), nous avions prévu de nous y retrouver ! Or le soir où je suis arrivé à Météora, il y était déjà ! Et alors que je suis parti le lendemain en milieu d’après-midi… j’avais presque 300km à faire pour y être.
Je ne voulais donc pas trainer pour ne pas le faire trop attendre car j’avais bien envie de le revoir ! Alors j’ai carburé… Malgré encore du dénivelé et un col à 1300m, j’ai fait 60km avec le bout d’aprem, 100km le lendemain, et enfin 140km le dernier jour !
Et comme vous pouvez le voir sur la photo, j’ai encore eu droit à un magnifique cadeau de la nature alors que j’étais en train de monter le col en question, qui m’a « montré » l’endroit idéal pour passer ma dernière nuit. Car le long de la route, il y avait une barrière qui empêchait de passer puis… un trou. Calculé et voulu, la barrière s’arrêtait juste sur un mètre avant de reprendre, laissant la place d’accéder à… un espace herbeux, sans cailloux, avec une vue sur toute la vallée, quelques gros arbustes parfaits pour cacher une tente. Bref, une invitation au camping sauvage ! J’ai même pu profiter du soleil avant qu’il se couche en accrochant ma réserve d’eau à un des arbustes et me faire une douche en plein air. Quel bonheur !

33 – Thessalonique ! 12-22 mai

P1040605

Enfin ! Je suis arrivé en fin de journée et j’ai retrouvé Jean-Claude en bord de mer près de la fameuse tour blanche de Thessalonique. Une des choses qui m’a le plus marqué ici, c’est la beauté du ciel… Non mais vraiment ! J’ai plus de photos du ciel et des nuages que de la ville elle-même ! Je vous en mets juste une ici pour vous donner une idée de cette splendeur :D
Ensuite, il m’a guidé vers l’auberge Arabas. « Je te préviens, c’est ultra raide pour y aller, juste à la fin. » Pas qu’un peu oui ! Mais j’ai tenu le coup ! En « danseuse » et avec une respiration soutenue, mais je l’ai fait. Je suis d’ailleurs en train de me dire qu’il faudrait que je prenne une photo de cette rue que j’ai montée et descendue chaque jour pour aller jongler !
Mais le séjour à Thessa a été plus long que prévu. En effet, j’étais en attente de mon chargeur, et malgré un envoi en express « +3 jours », il n’est arrivé que… 10 jours plus tard ! C’est beaucoup trop pour ne pas me mettre un peu en retard, mais d’un autre côté je me sens totalement capable de rattraper ce retard en traçant quelques jours. On verra ! Car dans environ une semaine je serai à Istanbul – ou sur le point d’y arriver – et je compte bien y rester également quelques jours.
En attendant j’apprécie mon séjour ici, j’ai refait une santé à mon vélo (les freins étaient complètement usés, cables à retendre, régler deux trois détails) avec un vendeur adorable qui ne m’a fait payer que les pièces et pas la main d’oeuvre.

P1040612

Autre chose qui m’a beaucoup marqué et plu dans cette ville, c’est son côté très social. C’est la ville la plus étudiante de Grèce avec près de cent mille universitaires, et leur influence est très présente ! Ainsi, on peut admirer beaucoup de très beaux graphes dans la ville – en voici un que j’ai particulièrement aimé -, il n’y a apparemment pas un jour qui passe sans qu’il n’y ait un concert ou une fête organisée quelque part, en plus des expositions d’art et autre chose… Dans cette ville, personne ne souffre de la faim. Je trouve que c’est très fort de pouvoir dire ça ! Car il y a quelques endroits où il est possible d’avoir un repas gratuits tels que des squats ou à un local de gauche qui le propose le dimanche midi. Mais plus encore, c’est à l’université : matin, midi et soir, tous les étudiants peuvent avoir un repas gratuits. Les étudiants ? Mais pas qu’eux ! Car si officiellement ils peuvent demander à voir la carte, ces mêmes étudiants défendent farouchement le fait de ne pas avoir à la montrer ! Ainsi, même si un étudiant a sa carte avec lui, si on la lui demande il répondra systématiquement « Je n’ai pas ma carte sur moi » et ne la montrera en aucun cas ! Ils en sont très fiers, et il y a de quoi !

P1040635

Bon, mais je ne sais pas si vous vous rendez compte quand même… 10 jours sans pédaler (excepté mes petites balades en ville), j’en avais clairement des fourmis dans les jambes. Alors pour me défouler un peu, je me suis prévu une petite excursion : non loin de Thessalonique, il y a un mont nommé Xortiatis qui culmine à 1200 mètres et permettant de voir tous les environs. Il ne m’en fallait pas moins… Je m’y suis donc lancé, mais à 900m, j’ai appris que tout le sommet était en fait une zone militaire ! Arg ! J’ai donc commencé à prendre un petit chemin sur le côté pour essayer d’avoir une belle vue, et après quelques temps j’ai rencontré des locaux. Il faut dire que dès le bas de la montagne, je me suis fait arrêté quatre ou cinq fois par des passants qui me disaient « Vous vous êtes trompé de chemin ! Où voulez-vous aller ? » « Au sommet de la montagne ! » Une demi seconde de silence « Ah bah alors c’est bon… Mais… y a rien après hein, il faudra revenir par ici ! »
Je les remercie beaucoup, car si effectivement je cherchais à avancer, ça m’aurait navré de faire les 1200m d’ascension pour « rien ». Mais il se trouve que je le faisais précisément pour ça ! Et donc, ces locaux rencontrés là haut m’ont dit « Ah ! Bon, il va falloir s’accrocher car ça monte raide et c’est un chemin de terre, mais prenez le prochain chemin à gauche. Il y aura un panneau signalant la zone militaire mais en fait l’entrée de la base est plus loin, et vous aurez alors un chemin qui la longera et qui vous permettra de faire tout le tour ! »
Je ne me le suis pas fait dire deux fois ! Ca n’a pas été facile, mais c’est passé ! Et j’ai pu monter jusqu’à 50m en dessous du sommet, où j’ai pu me faire une pause déjeuner bien méritée. J’ai atteint ce presque-sommet en cinq heures et je suis redescendu en bien moins de temps… Pour rejoindre ces deux jolies grecques !

P1040653

Car la veille de mon excursion, alors que j’étais dans la rue, ces deux étudiantes – Niovi et Marilena – sont venues discuter et m’ont proposé l’hospitalité ! J’ai donc quitté l’auberge pour leur appartement en plein emménagement et au coeur de la ville. Au 8ème étage, avec la porte qui donne directement sur le toit et donc une grande terrasse avec une très belle vue de la ville et du ciel, je suis très heureux de cet imprévu et du lit qu’elles ont pour moi ! Avec une mention spéciale pour le jus de fruits frais fait maison de Marilena héhé :D Je découvre un peu plus Thessalonique grâce à elles, avec la vie étudiante, l’université, le grec et l’intonation (ευχαριστώ parapoli !!!)
J’ai eu par ailleurs l’occasion d’apporter ma petite contribution car le jour où je suis venu chez elles, c’était l’anniversaire d’une très bonne amie à elles. Et alors qu’elles réfléchissaient à comment le célébrer, j’ai rappelé que j’avais quelques tours sympathiques dans mon sac ^^ Nous avons donc été sur le toit de son immeuble (beaucoup ont ce genre de terrasse) avec un gateau, puis elles l’ont fait monter et après avoir chanté la chanson de circonstances, il y a eu un « Et voici ta surprise !! » en introduction d’un petit spectacle de jonglerie de feu. Avec, ensuite l’explication : « Ce jeune homme est venu de France à vélo, pendant plus de 2 mois et plus de 3000 kilomètres rien que pour toi, pour ton anniversaire ! » « Mais… C’est QUI ?? » Ahahah, un moment très amusant, et le gâteau était délicieux !!

34 – Nous quittons la Grèce ! 23-26 mai

1401611095933

« Nous ?! Mais t’avais pas dit que tu ferais la route seul ? » Si, mais j’ai toujours ajouté que la route sera pleine de rencontres ! Et ça n’a jamais été aussi vrai que ces quelques jours entre Thessalonique et Istanbul ! D’abord, comme je vous l’ai dit, je comptais faire ce bout avec Jean-Claude. Mais je ne m’attendais pas à rencontrer Anne-cécile et Nicolas, puis Xavier, sans compter quelques autres croisés en sens inverse.
Qui sont-ils ? Dès le premier jour, nous rattrapons Anne-cé et Nico qui voyagent avec des vélos couchés et qui vont à Bangkok ! Nous avons fini la journée ensemble en atteignant la cote où nous avons fait un camping sauvage à quelques mètre d’un panneau signalant que c’était interdit mais… entourés de cammping cars ! Au programme, baignade, diner et… orage ! Nous l’avions vu venir et on s’est précipités à l’intérieur de l’immense tente du couple pour un bon diner.
Le lendemain, ils ont préféré profiter encore un peu de la plage et Jean-Claude et moi avons repris la route.
Vous pouvez retrouver leur blog ici : www.trikeiteasy.com

1401610136513

La route a été très agréable : contrairement à ce que l’on craignait, elle était très peu fréquentée et elle est en très bon état. Il y a très peu de dénivelés mais elle n’est pas monotone pour autant, du coup nous étions assez motivés et on a pas mal carburé avec une moyenne sur la journée autour du 22km/h.
Et puis à l’occasion d’une pause, nous avons été rejoints par Xavier ! Il vient de Barcelone – évidemment à vélo – et a pour objectif Istanbul. Ensuite, sa copine va l’y rejoindre, il revendra son vélo, puis partira voyager un peu autour avec elle mais à pied. Sa particularité dans notre trio est qu’il était très léger. Alors que je voyage lourdement avec mes 65/70kg, Jean Claude en a environ 40 et Xavier plutot 20/25. Pourquoi tant de différences ? Tout est une question de choix… En effet, je vous écris tout cela depuis une tablette, qui me permet de gérer mes photos, également mes vidéos de la gopro, j’ai également ma musique (5kg !), le baton du diable lumineux, le téléphone… Chacun ayant son propre chargeur… Et je ne parle là que de l’éléctronique.

1401610134785

Viennent ensuite différents choix : j’ai un sac d’outils respectable pour pouvoir bien me débrouiller, j’ai toujours des provisions en avance – en particulier toutes sortes de noix et de fruits secs -, une certaine quantité d’eau, etc… La remorque a également elle-meme un poids évidemment. Selon moi, tous les choix se valent : si je vais avoir plus de mal dans les cotes (car encore faut-il etre capable de les monter !), je vais etre beaucoup plus libre et indépendant dans certaines situations. A l’instar de Xavier, il faudrait par exemple que je demande systématiquement si je peux emprunter un ordinateur à quelqu’un pour mettre à jour ce blog, je prendrais beaucoup moins de photos, vidéos… Autant dire que ce serait un peu vide ici ˆˆ

1401610137763

Beaucoup de cyclo-touristes, après quelques voyages ou dès le premier, cherchent à etre le plus léger possible pour avoir un maximum de liberté. Il est tout à fait possible que j’évolue aussi dans ce sens, mais tout comme voyager seul ou à plusieurs, je pense que c’est simplement des voyages différents. La liberté, c’est de pouvoir choisir ce que l’on prend, et ne pas le faire par peur ou par obligation. Jamais, dans aucune cote ou montagne, je n’ai regretté ce que j’ai pris, car j’en connais la raison et certes je peine plus, mais je sais pourquoi !
Cela me fait penser à une anecdote vécue il y a environ un an. J’étais dans le sud de la France avec Sandy, une merveilleuse amie, et nous roulions en voiture en pleine campagne. Puis sur le coté j’aperçois un homme agé, très chargé avec des sacs devant et derrière, avançant lentement. Je m’arrete, je vais le voir et je lui propose de le conduire « Ah non, surtout pas !! ». Car cet homme de 65 ans était en train de faire un tour de France à pied… Et pas le premier, le cinquième !! Et ça lui prend environ 6 mois à chaque fois. Il nous a alors raconté une conversation qu’il avait eu avec des amis (je ne me souviens plus des mots exacts, mais l’idée est bien là). Ceux là disaient « Mais comment fais-tu, ce poids est énorme, marcher tant d’heures, ce doit etre écrasant ! Pourquoi fais-tu cela ? », ce à quoi il répondait « C’est lourd, en effet, mais je choisis ce poids et il est mon compagnon. Mais je pourrais vous retourner la question : comment faites-vous pour travailler tant d’heures dans un stress aussi oppressant qu’inutile ? Le choisissez vous ? Si vous ne le choisissez pas, alors votre poids ne peut etre que plus lourd que le mien. »

35 – L’entrée en Turquie, un grand pays d’hospitalité ! 27-30 mai

1401828815237

La frontière ! J’étais tout excité d’arriver (enfin!) dans ce pays de l’extreme Est de mon voyage ! Mais avant d’y entrer, il fallait encore passer la douane. Comme pour à peu près tout, j’ai rencontré des gens pour raconter des anecdotes désagréables, ou bien étaler leurs préjugés… Et j’avoue que je me suis laissé aller au doute : comment est-ce que ça allait se passer ? Allions avoir à passer une heure à déballer tous les sacs, tout controler, etc comme on m’en a averti ? Que nenni ! Attention, je ne dis pas que ça n’arrive pas hein, mais en l’occurrence, nous sommes passés comme un courant d’air. La frontière elle-meme est plus impressionnante que les précédentes, avec des militaires des deux cotés, un long pont au milieu (un peu comme dans les films, pour un échange d’otages vous savez ˆˆ) et plusieurs controles. Deux pour quitter la Grèce, et trois à l’entrée en Turquie ! Mais c’est passé tout seul, et tout au plus ils ont haussé un sourcil en voyant nos vélos. Faut dire que c’est probablement un des endroits au monde où le plus de cyclo-touristes convergent !

1401828816689

Et puis nous sommes entrés. Là encore, nous avions eu plusieurs retour d’expérience sur la route jusqu’à Istanbul. Très chargée, très dangereuse, pas agréable. Ca s’est révélé en partie vrai. Je détaille un peu pour d’éventuels cyclo touristes en réflexion d’orientation qui tomberait sur ces lignes. Clairement, la frontière la plus au Sud (la seule avec la Grèce, celle au dessus est en Bulgarie) n’était pas fréquentée du tout. Quelques voitures voire un ou deux camions de temps en temps. Elle est rectiligne est très vallonnée mais en excellent état. Pas vraiment de raison à chercher à l’éviter. Là où ça se corse, c’est à partir de Silivri : le traffic est nettement plus intense, la route est une double voie mais pas très large. C’est ici que tout s’est avéré vrai : alors nous avons obliqué vers le nord avec çatalaca puis Arnavutkoy. Enfin, nous avons été plein Est, traversé la foret et sommes entrés par le Nord dans Istanbul. Toute la route a été très agréable dès que l’on a quitté la route du sud, mais ça n’a pas été de tout repos avec quelques cotes qui ont bien piqué (avec du 14 et 15% au compteur de mon ami suisse).

1401828818203

Mais revenons à notre première nuit ! Après une centaine de kilomètres – il me semble – nous sommes arrivés à proximité de la ville de Malkara. Nous avons tous deux en tete de trouver quelqu’un qui nous laisserait planter notre tente dans son jardin. Alors nous avons quitté la route un peu avant la ville, et sommes entrés dans un village du nom de Kadikoy. Là, on voit parmi d’autres, une maison ayant un espace suffisant pour nos tentes. Nous nous arretons devant, on hésite un peu : il n’y a pas de sonnette, et on ne sait meme pas si il y a quelqu’un… Mais dans la minute, une voiture arrive, ralentie, et l’homme essaie de communiquer. Il ne parle pas anglais, mais on se débrouille à peu près : non, il n’habite pas ici, oui nous voulons planter notre tente, ok, suivons le.
Nous avançons un peu, et dès la première personne qu’il croise, il s’arrete et lui demande de nous aider. Cette personne, un brave homme sur un scooter, prend l’affaire en main : il ne parle pas anglais, mais il sait à qui s’adresser. Nous le suivons jusqu’à la proporiété d’une famille dont le père est professeur d’allemand, et sa femme et sa fille professeurs d’anglais !
Dans un premier temps, il nous indique un ancien camping où l’on y trouve des tables, des toilettes et de la place pour les tentes. Pour nous, c’est déjà parfait. Mais c’est sans compter l’hospitalité turque ! Quelques instants après y etre arrivés, le père et la fille nous y rejoingnent. Nous discutons, ils en apprennent plus sur notre projet et… nous invitent chez eux !

1401828820361

Au final, nous avons visité leur propriété, leurs champs, pu faire une lessive, échangé les contacts, profiter d’un superbe diner traditionnel (quoique végétarien pour l’occasion), une douche chaude et dormis dans de très bons lits. Et ils avaient le souhait profond de nous aider autant que possible, merci à eux !
Puis nous avons repris la route : une journée complète pour rejoindre la cote, et quand je vous dis que c’est très valloné, ce jour là nous avons fait 1200m de dénivelé positif ! Nous avons dormi dans un camping assez misérable, mais en bordure de mer où je me suis baigné. J’ai fait ma première vidéo sous-marine car la plage était riche en vie ! Des crabes, des méduses, des centaines de petits coquillages habités et meme – il me semble – une petite raie !
Le lendemain, c’est le jour où nous avons quitté la cote pour remonter au nord. La route, tout à coup calme et silencieuse, a fait beaucoup de bien. Et meme si nous avons encore fait plus de 1100m d’ascension, nous avions tous deux retrouvé notre rythme et si je ne me trompe pas nous avons fait environ 115km ce jour là. Tranquillement, mais longtemps, et nous nous sommes arretés en fin de journée pour faire un camping sauvage près d’un lac. C’était beaucoup, car la nuit à peine tombée, nous avons été entourés de lucioles ! Et l’aura lumineuse d’Istanbul était très forte dans le ciel.

1401828821836

Pendant la nuit, il a pas mal plu mais nous avons pu reprendre la route de bonne heure le lendemain. Il ne fallait pas que nous trainions trop, car Jean-Claude ne savait pas encore dans quelle auberge il allait dormir, et j’avais rendez-vous avec Deniz – le jeune homme qui allait m’héberger.
Sur la route, nous avons eu beau temps, mais quelques grosses averses sont tombées, mais nous avons chaque fois très bien géré le timing et étions à l’abri sans meme nous faire surprendre.
Et puis, nous sommes arrivés en vue d’Istanbul. En arrivant par le nord, ça monte beaucoup dans la foret, et nous avons eu une vue superbe de la ville… enfin, d’un bout ! Elle est si immense et vallonnée qu’il est impossible de tout avoir en vue. Nous longeons les quais jusqu’au centre ville, et rien que pour ça, ça nous a prit l’après-midi. Les enfants se baignent, une foule impressionnante vaque à ses occupations, et deux mecs bizarres avec des vélos chargés passent par là. Il faut dire qu’avec ses 18 millions d’habitants – banlieue comprise – Istanbul a presque le double de la population de… toute la Grèce.
Enfin, je parlerai de la ville dans mon prochain post ! Car d’abord, j’arrive à temps à mon rendez-vous et suis Deniz à son appartement. Qui est-il ? Un jeune turc de 21 ans qui reve de faire Istanbul-Paris à vélo ! Et comme il a entendu parler de mon projet (par un mec que j’ai rencontré dans la rue à Tirane ˆˆ), il m’a contacté par facebook et m’a proposé l’hospitalité, en échange de quoi je partagerai mon expérience et l’aiderait à préparer son propre voyage. Parfait !